Brexit : Boris Johnson écarte de moins en moins l’idée d’un « no deal » et défie l’Union européenne
Comment se termineront les négociations sur le Brexit entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni ? Il reste quelques semaines aux négociateurs européens et britanniques pour trouver un accord commercial post-Brexit applicable dès le 1er janvier 2021. Si les principaux protagonistes se sont dits prêts à densifier les discussions, le sommet européen de la semaine dernière n’annonce aucun signe optimiste. Au contraire, Bruxelles et Londres ne cessent de trouver des points de divergence et peinent à trouver un accord commun.
L’ASFE s’est entretenue avec Paul Boursican, chef d’entreprise, Français résidant à Londres et représentant de l’ASFE UK, afin de nous donner quelques éclaircissements sur l’avancée des négociations actuelles et sur les conséquences d’un possible « no-deal ».
Beaucoup d’entreprises européennes mais également britanniques souhaitent qu’un accord de libre-échange soit trouvé. Pourquoi ?
Les entreprises aiment les règles claires. Sans accord, les règles de fonctionnement, de droits de douane, de circulation des biens et des personnes demeurent inconnues. Faudra-t-il un visa pour qu’un Français rentre au Royaume Uni ? De combien seront surtaxés les produits européens importés au Royaume-Uni ? Il y a donc naturellement une grande nervosité sur le risque de no deal et d’une situation post-Brexit inconnue s’ajoutant à la crise du Covid-19.
Quel est le climat dans le milieu des affaires à Londres actuellement ?
L’impact du Covid-19 est le problème immédiat, avec les restrictions pour travailler, et le ralentissement général des affaires. Avant l’arrivée du Covid-19, le milieu des affaires à Londres avait certes vécu un ralentissement depuis le vote du Brexit, mais tout en gardant une activité dynamique.
73% des entreprises relèvent d‘activité de service avec une dimension internationale et hormis la problématique du passeport financier européen impliquant des réorganisations pour certaines activités bancaires, les entreprises sont demeurées très actives. Londres demeure le premier centre européen pour les entreprises technologiques, Facebook vient d’annoncer vouloir recruter 1.000 personnes de plus cette année à Londres. Le taux de chômage est passé de 3,9% à 4,1% à cause du Covid-19, à comparer au taux français supérieur a 7%. Donc pré-Covid, le climat des affaires demeurait positif. Depuis le Covid-19, il s’est naturellement assombrit significativement.
Parallèlement, le secteur du commerce vit une crise sans précèdent, prioritairement à cause de la concurrence du commerce en ligne. De nombreuses enseignes diminuent significativement leur nombre de boutiques ou se mettent sous le régime de sauvegarde.
Croyez-vous que les Britanniques puissent sortir gagnants d’un Brexit sans accord ?
Question difficile ! Les Britanniques vont sans conteste souffrir sur les deux prochaines années en cas de Brexit dur, et absence de règles établies. Mais nombreux espèrent à moyen terme avec un positionnement fiscal très attractif, que le Royaume-Uni se positionnera comme le Singapour de l’Europe.
Plus raisonnablement il n’y aura probablement des deux côtés de la Manche que des perdants. Le Brexit a clairement donné un coup de frein significatif à une économie britannique en plein essor, un « no deal » accentuerait ce freinage, mais la force de l’économie et de l’esprit d’entreprise au Royaume-Uni devraient permettre au Royaume Uni de demeurer une grande puissance internationale.
300 000 à 400 000 Français vivent actuellement au Royaume-Uni. Que pensent-ils – de manière générale – du Brexit ? Quelles seront pour eux les conséquences ?
Ils pensent en très grande majorité que le Brexit a cassé une économie florissante et créé une période de grande incertitude pour tous, Français et Anglais.
Des inquiétudes sérieuses demeurent : les prix à la consommation risquent de monter, certains produits alimentaires français ne seront peut-être plus distribués au Royaume-Uni, la couverture sociale anglaise NHS ne sera peut-être plus reconnue dans les pays européens pour le remboursement des frais de santé réalisés en Europe.
Point positif, le droit pour les citoyens européens déjà installés au Royaume-Uni de rester dans ce pays n’est pas remis en cause. No deal ou pas, en s’inscrivant sous le settled status, ce qui se fait sans difficultés, les Européens résidant au Royaume-Uni gardent sans restriction le droit de séjourner au Royaume-Uni, d’y chercher un emploi, d’y travailler sans permis de travail, et d’y jouir d’une égalité d’accès aux soins de santé, aux pensions de retraite et autres prestations sociales.
De l’ordre de 3.000 Français sont rentrés en France, particulièrement ceux travaillant dans la finance pour une activité nécessitant le passeport financier européen. Mais à ce jour, cela ne représente qu’une minorité. Le Royaume-Uni demeure un pays avec une économie de service puissante, des charges sociales significativement inférieures aux charges françaises pour un employeur, une fiscalité stable, et qui hors Covid-19, devrait continuer à prospérer. Beaucoup de Français souhaitent rester au Royaume Uni, pour son « vivre ensemble » et son esprit entrepreneur anglo-saxon.
Comment envisagez-vous la suite des événements ?
Step by step! D’abord sortir de cette crise du Covid-19 qui impacte nos vies, puis souhaitons-le tous avec l’arrivée d’un vaccin le retour de la confiance, afin de retrouver une économie équilibrée et un climat plus serein une fois sorti de ce Brexit sans fin.
Avez-vous autre chose à ajouter ?
L’ASFE UK est constituée d’une équipe de bénévoles très dynamiques (médecin, étudiant, retraite, enseignant, chefs d’entreprise, …), et est à la disposition de tous les Français du Royaume Uni pour les aider sur les problématiques de leur vie quotidienne au Royaume Uni.
Contactez-nous : https://www.facebook.com/asfe.uk
Très bonnes observations sur ce que nous allons devenir après le Brexit, nous français.
Est-ce que l’ASFE UK peut nous aider à trouver des professionnels?
Je suis résidente à Brighton et ai converti mon patrimoine immobilier français en liquidité anglaise pour investir pour mes vieux jours. Je cherche un professionnel pour me guider dans la comparaison de la fiscalité française et anglaise, afin de ne pas payer 2 fois. J’ai 3 fils franco anglais que je souhaite aider.
Un conseiller en fiscalité anglaise seulement ne me suffirait pas. Je n’ai pas de grosses sommes à investir mais veux quand même ne pas faire d’erreurs.
Bonjour,
Vous pouvez vous tourner vers l’ASFE UK en les contactant via la page Facebook de l’antenne. Ils sauront mieux vous orienter.
L’équipe de l’ASFE