La réinsertion des chercheurs français lors de leur retour en France est souvent compliquée. Ces derniers rencontrent une multitude de difficultés pour valoriser l’expérience qu’ils ont acquise hors des frontières. De nombreux chercheurs engagés à l’étranger participent brillamment au rayonnement de l’expertise scientifique français sur la scène internationale.
Leur expérience professionnelle à l’étranger et leur implication dans les défis de la recherche internationale devraient être des atouts majeurs lors de leurs candidatures à des postes de recherche ou d’enseignement universitaire en France. Pourtant, cette panoplie de qualités ne semble pas être reconnue à sa juste valeur dans les procédures de recrutement en France.
A cela s’ajoute les difficultés pratiques que les candidats rencontrent, du fait de leur éloignement, pour renseigner les dossiers de candidature sur la plateforme Antarès, ou encore pour prendre en charge les frais de déplacement pour assister aux auditions menées par les équipes qu’ils souhaitent rejoindre.
Est-ce qu’une expérience d’expatriation est réellement appréciée par les recruteurs français ? Quels sont les programmes de recrutement mis en place par l’Etat français pour les chercheurs tricolores lors de leur retour en France ? A quel type de poste peut prétendre un chercheur français ayant connu une formation professionnelle en dehors des frontières françaises ?
La Sénatrice Renaud-Garabedian a obtenu une réponse à sa question écrite sur ce sujet. L’ASFE vous donne quelques éclaircissements.
L’expérience d’expatriation: un réel atout pour le recrutement
En termes de recrutement, la mobilité au sein d’un organisme étranger dans le parcours professionnel d’un jeune chercheur est un atout fondamental afin d’accéder à un poste de maître de conférences en Université ou de chercheur au sein d’un EPST (établissements publics à caractère scientifique et technique) ou d’un EPIC (établissements publics à caractère industriel et commercial).
Il est donc fortement recommandé aux chercheurs d’effectuer une mobilité à l’étranger suivant les disciplines dans le cadre d’un « post-doctorat ».
Une stratégie de recrutement à l’international perfectionnée
Des réformes ont été mises en œuvre afin de soutenir le système de l’enseignement supérieur et de recherche au meilleur niveau mondial. Ces mesures ont doté les employeurs publics d’outils leur permettant de développer leur stratégie de recrutement à l’international : recrutement possible en contrat à durée indéterminée, dispense de qualification aux fonctions de maître de conférences pour les candidats exerçant dans un établissement d’enseignement supérieur d’un État autre que la France.
Les différentes actions relatives aux investissements d’avenir, et tout particulièrement les laboratoires d’excellence et les initiatives d’excellence, permettent également aux laboratoires de trouver les moyens d’attirer des chercheurs à l’échelle internationale. Ce qui peut faciliter le retour en France de jeunes chercheurs.
Des dispositifs et des labels mis en place pour faciliter le déplacement des chercheurs
Par ailleurs, des programmes et des efforts à l’échelle européenne ont été engagés pour répondre favorablement à la libre-circulation des chercheurs :
- Le programme Tremplin-ERC (T-ERC) mis en œuvre par l’agence nationale de la recherche (ANR) accompagne l’excellence scientifique en soutenant des candidats ayant des dossiers de très haut niveau. Cet instrument de financement vise ainsi à permettre à des jeunes chercheurs français ou étrangers rattachés à un organisme public de recherche français qui n’ont pas obtenu de financement de l’European Research Council (ERC) d’améliorer leur dossier afin de leur permettre de leur redéposer avec de meilleures chances de succès.
- Dans le cadre de la HRS4R « Human ressources strategy for researchers », la Commission européenne a créé un label adossé au respect d’un code de conduite que les Universités ou organismes de recherche doivent respecter. Le label engage ainsi les établissements en particulier dans un processus de qualité des recrutements. À ce jour, 21 établissements français ont obtenu ce label dont des Universités (UTC Compiègne, Clermont, Franche-Comté, Lorraine, ENS Lyon, Lyon 3, Montpellier, Paris 5, Paris 7, Strasbourg, UBO) et des organismes de recherche (CNRS, INRA, INSERM, INRIA, Institut Curie). A terme, cette démarche de labellisation entreprises par les établissements bénéficiera aux chercheurs français ayant travaillé en dehors du territoire national en valorisant leur profil et leur expérience internationale.
Des postes libres dans le réseau diplomatique français
Il y a actuellement environ une centaine de postes ouverts dans les ambassades aux chercheurs et enseignants chercheurs : conseiller pour la science et la technologie (CST) ; conseiller de coopération et d’action culturelle (COCAC) adjoint ; attaché pour la science et la technologie (AST), de coopération scientifique et universitaire (ACSU) ou encore de coopération universitaire (ACU) ; ingénieur de recherche ou ingénieur d’études voire titulaire d’administration centrale.
Le recrutement dans le réseau diplomatique dépend de plusieurs critères de sélection et l’expérience professionnelle à l’étranger est particulièrement appréciée dans ce milieu.
Enfin, le 22 juillet 2020, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche a été présenté en conseil des ministres. Ce texte propose notamment des mesures pour faciliter l’accueil et le recrutement des chercheurs dans les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche. Il est actuellement en cours d’examen par le Parlement.