L’attention de l’opinion publique française est tout entière polarisée sur l’évolution de la pandémie et les problèmes de sécurité, après l’attaque terroriste de vendredi dernier à Paris.
Pour autant, un événement important a tout de même eu lieu dimanche dernier : les élections sénatoriales. Ce rendez-vous n’a pas déchaîné la passion des médias, et c’est un euphémisme. On ne peut que le regretter alors que la Chambre Haute – renouvelée par moitié tous les trois ans – a une fonction essentielle dans notre vie démocratique.
L’explication vient sans doute du mode de scrutin. Les sénateurs sont élus au suffrage indirect par les élus municipaux, départementaux et régionaux ainsi que par les députés de leur circonscription respective. Cette année, étaient donc concernés par le renouvellement 172 sièges sur 348, soit les élus de 58 départements de métropole compris entre l’Ain et l’Indre et entre le Bas-Rhin et le Territoire de Belfort, hors Ile-de-France. Les Outre-mer ont aussi renouvelé les sénateurs de la Guyane et de 4 collectivités : Wallis et Futuna, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Polynésie française. 117 sortants se représentaient.
Les sénateurs représentant les Français établis hors de France sont, quant à eux, élus par un collège formé par les parlementaires des Français de l’étranger, les Conseillers des Français de l’étranger et les délégués consulaires. La moitié de ces sénateurs, au nombre de douze au total, n’étaient pas à renouveler le 27 septembre, comme vous avez pu le constater. Le coronavirus a obligé les autorités françaises à reporter le scrutin à l’année prochaine, du fait du report des élections consulaires.
Quels sont les grands enseignements de ce vote ? Celui-ci n’a pas bouleversé de façon significative les grands équilibres dans l’hémicycle. D’abord, la majorité de droite et du centre sort renforcée des élections de dimanche. Elle gagne dix sièges pour passer à 154 sénateurs. Le président du groupe LR, Bruno Retailleau, a été lui-même réélu avec 70,8% des voix en Vendée.
Ensuite, LREM (La République en marche), la formation d’Emmanuel Macron, perd quelques-uns de sa vingtaine de sièges, dans la foulée des municipales, qui ont été très médiocres pour elle. Le président de groupe, François Patriat, a été réélu et deux membres du gouvernement – Sébastien Lecornu dans l’Eure et Jean-Baptiste Lemoyne dans l’Yonne – ont été élus. Ils ne siègeront pas dans l’immédiat.
La gauche, enfin, a connu des fortunes diverses. Si le PS reste le deuxième groupe de la Haute Assemblée, en dépit de la perte de quelques sièges, le groupe communiste se renforce avec deux sénateurs supplémentaires. Ce sont, comme prévu, les écologistes qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Ils parviennent, comme en 2011, à créer un groupe de douze élus. Quant au Rassemblement national, il sauve son unique représentant, dans les Bouches-du-Rhône.
N’en déplaise à ses contempteurs, qui en réclament sa disparition, la Haute Assemblée ne grève pas les deniers publics. Elle coûte 5 euros par Français par an quand l’Assemblée nationale en coûte huit. C’est une goutte d’eau.
Par ailleurs, le Sénat joue pleinement son rôle de contre-pouvoir en proposant des textes de loi ou en améliorant ceux qui lui sont soumis. Le travail des élus y est beaucoup moins soumis à la précipitation que celui des députés. Il résulte davantage de la concertation que de positions partisanes tranchées, comme au Palais Bourbon. Les commissions d’enquête qui y sont constituées remplissent également un rôle capital dans le débat : celle de l’affaire dite Benalla ou celle qui analyse à présent l’action de l’exécutif face à la Covid-19 en sont les preuves.
En ce qui nous concerne, c’est également via notre Sénatrice que nous parvenons à exprimer le intérêts des Français de l’étranger…Vive le Sénat, la République en a besoin pour défendre ses valeurs dans l’apaisement et l’intérêt général.