L’ambiance a changé en France. Certes, la menace sanitaire rôde toujours, mais les regards sont désormais tournés vers l’avenir. Non sans une certaine crainte car chacun sent bien que la crise économique et sociale sera longue et rude. Déjà, les indicateurs sont tous passés au rouge. Jamais, comme au mois d’avril, notre pays n’avait enregistré une aussi forte progression du chômage : 843.000 demandeurs d’emploi sont venus s’ajouter. Les perspectives de faillite sont nombreuses : 30% des bars et restaurants pourraient notamment, selon les professionnels du secteur, fermer leurs portes. Quant à l’endettement de nos finances publiques, il se creuse à grande vitesse : les 450 milliards d’euros mis sur la table par le gouvernement pour aider l’activité se paieront un jour…
Tous les pays du monde vont devoir opérer une « remontada » avec leurs atouts et leurs handicaps. La France a les siens. Elle peut compter sur un modèle social très protecteur qui, contrairement aux nations anglo-saxonnes, ne laisse personne sur le bord de la route, ou presque. Néanmoins, celui-ci doit être réformé pour coûter moins cher et être plus efficace. On le répète depuis longtemps mais, à la lumière du coronavirus, on sait maintenant qu’il est urgent d’engager des réformes pour alléger notre bureaucratie – qui rend les décisions confuses et lentes – et rapprocher les décideurs de la population – ce qui passe sans doute par un nouvel acte fort de décentralisation. Cette politique nécessitera des débats préalables et ne donnera, si elle est mise en œuvre, que des résultats à long terme.
En attendant, plusieurs leviers pourraient être activés pour surmonter les difficultés à venir et relancer la machine. Les Français – c’est historique – sont un peuple d’épargnants, et l’épisode que nous venons de vivre l’a, une nouvelle fois, prouvé. Il est grand temps que cette épargne soit enfin orientée vers les entreprises pour favoriser leur modernisation, leurs innovations, leur compétitivité. Cet argent ne doit plus dormir d’autant que la faiblesse des taux d’intérêt est pour le moins peu attractive.
Le deuxième levier est d’ordre fiscal. Contrairement à une idée répandue, alourdir la pression sur les ménages aisés serait une mauvaise solution : cela ne pourrait que faire fuir ceux qui sont en capacité d’investir. Au lieu de rétablir l’impôt sur la fortune, il serait plus efficace de supprimer l’impôt sur la fortune immobilière pour soutenir le secteur de la construction et du logement qui risque d’être à la peine dans les prochains mois. Même réflexion pour la TVA. Au lieu de l’augmenter, comme certains le préconisent, pourquoi ne pas suivre l’exemple allemand ? Angela Merkel entend la baisser pour soutenir la consommation.
Troisième et dernière piste à envisager : accorder plus de souplesse, de flexibilité aux entreprises pour qu’elles puissent s’organiser. Cela suppose que l’Etat ne cherche pas à s’immiscer dans leurs affaires, comme on le constate trop souvent en France. Elles savent ce qu’elles ont à faire. Ainsi, l’éternel tabou sur le temps de travail doit être levé pour que ce dernier soit adapté aux besoins de l’activité ici et là…
Bien d’autres idées peuvent être mises en œuvre. Car si la France n’a pas de pétrole… On connaît la suite. Notre pays a toujours su se relever. Il n’a jamais raté ses rendez-vous avec l’histoire.
L’équipe de l’ASFE
» Notre pays a toujours su se relever. Il n’a jamais raté ses rendez-vous avec l’histoire. », écrivez-vous.
D’accord pour la première de ces affirmations ; quand au « rendez-vous avec l’histoire » de la pandémie du Covid-19, il est bien difficile de ne pas considérer la gestion politique de sa phase médicale comme un gros raté.
Quand à la phase de redressement économique qui s’amorce : s’agit-il juste de redonner la santé à « l’économie » elle-même ou également au peuple qui vit de cette économie ?