D’après un sondage réalisé par Kantar Public pour le Parlement européen, la répartition des sièges à l’issue des élections de mai 2019 devrait changer le visage du Parlement. L’éclatement du futur hémicycle profiterait ainsi à l’extrême droite et aux libéraux, au détriment des deux groupes historiques, le Parti populaire européen (PPE) et les Socialistes et Démocrates (S&D).
Un contexte bouleversé par le Brexit et la montée des populismes
Les élections européennes de mai 2019 se profilent dans un contexte européen riche en actualités.
Premier point, si l’incertitude sur les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’UE et sa date définitive persistent, les Britanniques ne devraient cependant pas participer aux élections européennes. Ainsi, le Parlement européen s’est accordé sur une nouvelle répartition des sièges, réduits à 705 (contre 751 actuellement), la France gagnant 5 députés (de 74 à 79).
Deuxièmement, le départ des eurodéputés britanniques aura également un impact sur l’équilibre politique de l’hémicycle. Pour rappel, en 2014, le parti souverainiste UKIP avait obtenu le plus de sièges, devant le Parti Conservateur. Le groupe des souverainistes (Europe of Freedom and Democracy, EFD) et celui des conservateurs et réformistes européens (CRE) en sortiront donc affaiblis.
Par ailleurs, d’autres éléments de contexte nationaux auront également une influence sur le résultat de l’élection: la montée des extrêmes en Europe, notamment celle de l’extrême droite en Espagne (Vox), la formation d’un gouvernement populiste et eurosceptique en Italie et l’effondrement des sociaux démocrates (le PS en France, le SPD en Allemagne, dans une moindre mesure).
Une fragmentation croissante qui devrait profiter aux libéraux et à l’extrême droite
Le sondage révèle un effritement de la domination exercée par les deux principaux partis du Parlement européen, le Parti Populaire européen (PPE) et les Socialistes & Démocrates (S&D) qui comptent actuellement plus de 400 députés à eux deux (217 pour le premier et 187 sièges pour le second). Le PPE perdrait 34 sièges et en aurait 183, tandis que le S&D se retrouverait avec 135 députés contre 186 actuellement (-51). En outre, comme mentionné précédemment, le Groupe des Conservateur et réformistes, affecté par le départ des députés britanniques, perdrait 24 députés.
L’extrême droite devrait ressortir renforcée des élections, mais tout autant divisée qu’auparavant. En effet, si elle pourrait gagner 22 députés, passant de 37 à 59, les députés souverainistes formeront probablement un groupe à part, portant le total de l’extrême droite à plus d’une centaine tout de même.
En outre, les libéraux de l’ADLE se placeraient en tant que troisième force de l’hémicycle, avec 7 députés de plus (75 au lieu de 68) et surtout le ralliement probable des députés de La République en Marche, ce qui pourrait porter leur nombre jusqu’à près d’une centaine.
Enfin, l’extrême gauche (GUE/NGL) et les Verts conserveraient une répartition semblable à l’actuelle, notamment compte tenu du réduction du nombre de sièges (45 au lieu de 52 pour les Verts, 46 au lieu de 52 pour l’extrême gauche)
Des changements de groupe pour certaines listes?
Par ailleurs, la composition des groupes politiques peut également être amenée à évoluer.
D’une part, il n’y a encore aucune certitude quant au rattachement des nouveaux arrivés au Parlement européen, même si les députés d’En Marche, devraient rejoindre l’Alliance des démocrates et des Libéraux pour l’Europe.
D’autre part, des changements de groupe pourraient intervenir. Victor Orban, premier ministre hongrois et son parti (Fidesz-Union civique hongroise) est de plus en plus contesté au sein de son groupe politique européen, le PPE, suite à ses nombreuses déclaration visant l’Union européenne et notamment sa politique migratoire.
De même, le Mouvement 5 étoiles Italien, qui siège actuellement parmi le groupe Europe de la Liberté et la démocratie directe, aux côtés de Debout la France et des Patriotes, pourrait également changer de groupe parlementaire, tout comme son partenaire de gouvernement à Rome, la Ligue, actuellement membre de l’Europe des Nations et des Libertés.
En définitive, si les prochaines élections de mai devraient bouleverser les équilibres politiques du Parlement européen, le résultat reste pour le moins incertain. Le jeu des alliances et les calculs politiques détermineront le visage de l’Union européenne pour les 5 ans à venir ainsi que ses principales orientations.
Projection des sièges après les élections européennes de mai 2019. Source: Parlement européen
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