Les élections européennes approchent et je ne vois rien à l’horizon qui nous permettent d’envisager cette perspective avec sérénité. « Est-ce que l’Europe va bien ? Non, elle est en train de se désagréger sous nos yeux face au défi migratoire, au défi climatique, aux défis économiques multiples », a déclaré récemment à Lyon Emmanuel Macron. Ce sombre propos présidentiel résume assez bien l’état des lieux.
Si l’on se tourne vers l’est – Hongrie, Pologne, Roumanie…-, on observe des pays saisis par la tentation du repli, rétifs à jouer le jeu de la solidarité européenne et engagés dans des politiques illibérales qui ne sont pas loin de remettre en question l’idéal démocratique que nous devrions tous partagés. Si l’on se tourne vers le sud – Espagne, Grèce, sans parler de l’Italie…-, on croise des pays frappés par une double blessure: la crise économique de 2008 qu’ils ont subie de plein fouet et la crise migratoire qu’ils ont vécue en première ligne. Le rejet, annoncé mardi, du budget italien par la commission européenne est-il judicieux ? Permettez-moi d’en douter.
Si l’on se tourne vers le nord – Allemagne, Danemark, Royaume Uni…- , on rencontre des pays en proie au doute alors qu’ils font partie des nations parmi les plus riches au monde.
Partout la défiance vis-à-vis de l’Union européenne grandit dans les opinions publiques, défiance qui est en partie instrumentalisé, il faut le dire, par des partis politiques aux relents démagogiques, populistes, voire nationalistes. L’exemple du Royaume Uni est à ce titre symbolique. Après avoir voté massivement pour la sortie de l’Europe, nombre de Britanniques ont aujourd’hui changé d’avis et seraient prêts à faire machine arrière. Des centaines de milliers de partisans du maintien ont même défilé samedi 20 octobre dans les rues de Londres pour réclamer un second référendum sur le Brexit.
C’est dire s’il convient, à la faveur de ce scrutin européen, de redonner aux peuples de notre Vieux Continent la confiance nécessaire en leurs institutions communes – lesquelles doivent être évidemment réformées pour être plu simples dans leur fonctionnement. Face à la Chine communiste, à la Russie de Vladimir Poutine et aux Etats-Unis de Donald Trump, qui ont des politiques aussi impérialistes qu’imprévisibles, nos pays ne résisteront pas seuls s’ils ne trouvent pas les moyens de s’unir. Sans doute faut-il pour cela que leurs dirigeants sachent renouer le dialogue entre eux, et faire prendre conscience à leurs électeurs que, sans l’Union européenne, l’avenir de leurs enfants ne s’annonce guère enchanteur. C’est aussi la paix sur nos territoires qui est en jeu…
Jean – Pierre Bansard