Publié le
jeudi 25 octobre 2018 •
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EXPATRIES FRANCOPHONES
Situation des francophones financiers de Londres
Cette semaine nous avons échangé avec de jeunes actifs Français travaillant dans la finance d’entreprises à Londres. Les expatriés français travaillant dans ce domaine sont en effet très nombreux. Que pensent-ils du Brexit ? Sont-ils inquiets, ou au contraire se sentent-ils assez protégés ? Deux d’entre eux, Aude et Nawal ont gentiment accepté de répondre à nos questions.
« Avec le Brexit, nous nous sentons effectivement un peu plus exclus qu’auparavant mais cela reste un sentiment minoritaire. Certains de mes collègues anglais sont très « Londres aux anglais ». Ils se réjouissent en effet du Brexit considérant que les expatriés européens volent le travail des anglophones. Cette forme de pensée s’est en effet légèrement accrue avec les résultats du référendum. Mais en majorité les anglais – en tout cas de Londres – sentent surtout qu’ils vont perdre une grande diversité de nationalités vivant aujourd‘hui dans leur pays. Toutefois, le premier problème dans mon secteur d’activité réside dans la perte notable la position de Londres sur la place du marché financier mondial. » «Pour nous, le plus inquiétant, reste l’incertitude que nous ressentons depuis deux ans sur notre situation en entreprise, mais surtout personnellement en raison de nos investissements immobiliers, de la scolarisation de nos enfants… » « Personnellement, dans ma banque, toutes les équipes ne sont pas concernées. Tout d’abord cela dépend si nous sommes confrontés à un «hard Brexit» ou à un « soft Brexit». En cas de «hard Brexit», les équipe qui travaillent en salle de marché sur les produits dérivés seront effectivement lourdement touchées (à 80%, c’est certain). Mon équipe en finance d’entreprise a contrario , n’a absolument jamais entendu parler de changement de contrat.
Quant aux expatriés présents au sein des banques américaines, qui ont leur siège social au US, il est vrai que la situation n’est pas la même. Les banques US vont perdre leur passeport de travail. De ce fait, certaines de ces banques ont déjà proposé des contrats en cas de « Hard Brexit » aux salariés qui n’auront qu’à signer le moment venu. Pour ceux qui travaillent au sein d’un banque anglaise, le risque de mobilité n’est pas le même. Les européens semblent être relativement protégés. En tant que Français dans une banque anglaise les salariés ne risquent rien aujourd’hui. Cependant, vu la conjoncture, ils reçoivent énormément de propositions extérieures. » Ensuite, « une autre de nos inquiétudes se situe sur la perte de la valeur de la livre sterling , qui est à son niveau le plus faible depuis longtemps. Elle est tombée sous la barre
de 1,27 dollar. » Enfin, « concernant la politique de compétences qui devrait être mise en place (pour rappel, les anglais souhaiteraient aller vers l’immigration « choisie », basée sur les compétences), nous avons entendu dire que pour les européens qui sont à Londres depuis un certain nombre d’années, entre 3 et 5 ans, les avantages seront plus conséquents que pour les autres. A noter qu’il existe déjà une politique de compétence mise en place qui s’applique aux indiens. S’il y a réellement une politique d’immigration sur la base des compétences, cela ne
posera pas de problème aux financiers de Londres qui ont relativement tous un bac+ 5 ou plus, mais cette décision semble tout de même très restrictive. Un autre problème se posera toutefois au niveau de la préférence nationale pour laquelle nous serons toujours perdants. »