Chères élues, chers élus,
C’est un appel à la vigilance que je veux lancer cette semaine au gouvernement. Et, dans le même temps, un message de soutien aux enseignants, parents et élèves des 500 lycées français de l’étranger inquiets à juste titre des coupes budgétaires qu’on leur impose. Le ministère des Affaires étrangères, qui chapeaute ces établissements, a confirmé l’annulation de 33 millions d’euros de crédits, ce qui va entraîner la suppression de 180 postes de professeurs en 2018 (dont 80 d’expatriés et 100 de résidents) et de 500 postes dans les trois ans à venir.
Cette décision est surprenante, voire contradictoire avec les propos tenus par le Président de la République, fin août, devant les ambassadeurs réunis à l’Elysée. Selon Emmanuel Macron, « la diplomatie de l’attractivité » devait « s’appuyer sur les Français de l’étranger ». Effectivement, la qualité du réseau de nos établissements scolaires hors de nos frontières est reconnue dans le monde entier, à un point tel que ces derniers accueillent des élèves de toutes les nationalités. Ce réseau participe grandement au rayonnement de notre langue et de notre culture aux quatre coins du monde. Il est même le symbole de l’excellence française. On peut donc en être fier.
Vue de France, cette malheureuse décision est sans doute mal comprise par nos compatriotes, qui associent souvent l’expatriation à une vie plus facile. C’est très loin d’être toujours le cas. Sans doute ignorent-ils que l’accès aux lycées français de l’étranger, même pour ceux qui sont publics, n’est pas gratuit. Les frais de scolarité, qui varient d’un pays à l’autre, sont même parfois très élevés : de 3 000 euros annuels à Nairobi à 5 000 euros à Madrid, et encore beaucoup plus aux Etats-Unis.
Les parents d’élèves ont donc raison de redouter que la diminution programmée des crédits s’accompagne d’une augmentation des frais de scolarité. Ils ont aussi un autre motif d’inquiétude : la baisse du niveau des cours, avec le remplacement progressif des professeurs détachés de l’Education Nationale par des enseignants sous contrat local, moins rémunérés, mais rarement aussi bien formés.
Comme l’a récemment écrit très justement Anne-Sophie Letac, agrégée d’histoire, dans les colonnes du « Figaro », pour « 33 millions d’économie, autrement dit pour un plat de lentilles, (…), ce plan social déguisé, cette braderie coûtera plus cher qu’elle ne rapporte au rayonnement français ».
J’ai donc entrepris depuis plusieurs semaines, au Sénat comme sur le terrain, de rencontrer et d’entendre les parents d’élèves, les syndicats d’enseignants et les élus consulaires pour me faire une idée plus approfondie des conséquences de cette décision budgétaire. Je suis très attentif aux évolutions de ce dossier. J’ai d’ores et déjà demandé à mes équipes de préparer dans les plus brefs délais une intervention que j’adresserai au plus haut sommet de l’Etat. La voix des Français de l’étranger doit se faire entendre afin que l’éducation de nos enfants reste une absolue priorité.