Depuis l’été 2021, les Français peuvent obtenir une carte nationale d’identité électronique (CNIe), un document modernisé, plus sûr et compatible avec de nouveaux usages numériques. Mais jusqu’à présent, les Français établis hors de France restaient exclus de la possibilité de renouveler de manière anticipée leur ancienne carte pour accéder à cette technologie. Une situation qui a interpellé la sénatrice ASFE Sophie Briante Guillemont, demandant des avancées au Gouvernement.
Une carte plus moderne… et une porte d’entrée vers l’identité numérique
Introduite progressivement depuis 2021, la CNIe ne se limite pas à un changement esthétique ou matériel :
- elle permet la création d’une identité numérique officielle, utilisable via FranceConnect+ ;
- elle facilite l’accès à de nombreuses démarches administratives (comme la procuration de vote) ;
- elle offre la possibilité de générer des justificatifs d’identité à usage unique ;
- elle permet d’activer des services essentiels comme le permis de conduire numérique ou la future carte Vitale dématérialisée.
Face à ces nouveaux usages, l’État a ouvert, depuis le 31 mars 2025, la possibilité pour tout citoyen en France de renouveler gratuitement sa carte d’identité, même encore valide, afin d’obtenir une CNIe. L’objectif est clair : accélérer l’adoption de l’identité numérique sur l’ensemble du territoire.
Les Français de l’étranger, plus tard
Mais ce progrès n’a pourtant pas franchi les frontières. Dans les postes consulaires, il reste impossible, à ce jour, de déposer une demande anticipée de renouvellement pour obtenir la CNIe. Les critères restent stricts :
- expiration du titre,
- changement de nom ou d’adresse,
- perte ou vol.
Pour les Français établis hors de France, cela signifie l’impossibilité d’accéder à l’identité numérique… Une rupture d’égalité, alors que la dématérialisation des services est particulièrement cruciale pour ceux qui vivent loin de leur administration de référence.
Une évolution attendue : le ministère s’engage
Dans sa réponse du 4 décembre 2025, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères reconnaît cette limitation et annonce une évolution majeure :
d’ici la fin de l’année 2025, les postes consulaires seront raccordés au système de pré-demande de l’ANTS, déjà utilisé en France depuis 2019.
Ce raccordement technique constitue la clé permettant d’ouvrir le renouvellement anticipé à l’étranger. Aujourd’hui, la pré-demande n’est possible en consulat que pour les renouvellements justifiés ; demain, elle permettra également de déposer une demande anticipée motivée par l’accès à l’identité numérique.
Ce que cela change pour les Français de l’étranger
Si le calendrier est tenu, les Français de l’étranger pourront, dès la fin 2025 ou début 2026, :
- renouveler leur carte d’identité même si elle n’est pas périmée ;
- accéder à la CNIe au même titre que tout citoyen en France ;
- créer leur identité numérique FranceConnect+ ;
- simplifier leurs démarches administratives à distance ;
- réduire les délais au guichet grâce au système de pré-demande.
Il s’agit d’une avancée importante pour la modernisation des services consulaires et pour l’inclusion numérique des Français établis hors de France.
Un enjeu d’égalité républicaine
L’absence d’accès à la CNIe pour les Français de l’étranger apparaissait d’autant plus paradoxale que ces derniers sont souvent les plus dépendants des outils numériques pour accomplir leurs démarches administratives françaises. L’annonce du ministère constitue donc un réel progrès vers l’égalité d’accès aux services publics. Pour des millions de Français vivant à l’étranger, l’identité numérique représentera bientôt une réalité tangible – un outil à la fois pratique, sécurisé et indispensable dans un monde administratif de plus en plus dématérialisé.

