A l’occasion du centième anniversaire du Parti communiste chinois, Xi Jinping a récemment affirmé la volonté de puissance de son pays. Celle-ci ne faisait plus de doute, mais le lointain successeur de Mao a montré une assurance impressionnante. Face à lui, le nouveau président américain n’est naturellement pas très enclin à se laisser faire. Il souhaite entraîner dans son sillage les Européens qui ne veulent pas pour autant jouer la carte du pire, d’un face-à-face vigoureux, mais dangereux pour leurs propres intérêts, notamment commerciaux.
Dans ce contexte, le rôle de la France s’annonce déterminant. Le 1er janvier prochain, notre pays exercera la présidence de l’Union européenne pour six mois. Emmanuel Macron, qui sera probablement candidat à sa propre succession à l’Elysée en avril 2022, espère faire de cet épisode un tremplin pour son image de défenseur de l’Europe dans le monde.
Certes, l’Europe n’est pas toujours populaire, mais le chef de l’Etat sait qu’il peut activer des leviers qui devraient la rendre utile aux yeux des plus sceptiques. Le premier levier qui semble émerger est celui d’un plus grand contrôle de l’immigration. Emmanuel Macron l’a dit maintes fois : il proposera la refonte des accords de Schengen sur la libre circulation des biens et des personnes à l’intérieur de l’UE. Son idée – qui n’est pas neuve – est de renforcer la protection des frontières extérieures de l’espace européen. Aussi de fixer les migrants dans des pays « tampons » hors de l’Union et de renvoyer chez eux beaucoup plus systématiquement les déboutés du droit d’asile. Ceci demandera plus de six mois d’attention. Cependant, ce programme présenté avec fermeté et détermination, pourrait favorablement marquer les esprits des électeurs sensibles à cette thématique.
Le deuxième levier est celui de la souveraineté. La crise sanitaire a révélé au grand jour la dépendance industrielle de l’Europe, et singulièrement de la France. Dans les domaines de la santé et des biotechnologies, le président français veut réaffirmer la capacité des Européens à s’organiser pour retrouver leur indépendance. Il peut compter sur le soutien du commissaire européen français Thierry Breton.
Enfin, le troisième levier est d’ordre institutionnel. L’Union européenne doit être un acteur plus rapide et agile. Sur nombre de questions, la règle de l’unanimité est paralysante. Doivent lui être substituées des majorités qualifiées ou relatives. Emmanuel Macron compte sur la présidence française pour obtenir quelques victoires en Europe, dont il a fait l’un des marqueurs de son premier mandat. À l’Élysée et au sein du gouvernement, la stratégie est arrêtée. « Il faut être tactique et sélectionner les sujets sur lesquels on arrivera à avancer, assure-t-on. Ce qui est important pour nous, c’est que la commission européenne fasse les bonnes propositions au bon moment. » Dans six mois, nous serons fixés.
L’équipe de l’ASFE