Lundi 13 octobre 2025, deux années après la funeste date du 7 octobre, les otages israéliens encore vivants ont été libérés par le Hamas, dans le cadre de la première partie du plan de paix négocié par Donald Trump.
Nous avons demandé à Johann Habib, Conseiller des Français de Tel Aviv, sa perception sur les événements des derniers jours.
Vous représentez la communauté française en Israël. Vous vivez à Tel Aviv. Pouvez-vous nous dire comment vous avez vécu les jours précédant le 13 octobre ?
Cela faisait quelques jours que le pays était en effervescence. Entre les fêtes juives et les rumeurs folles de libération anticipée, de non-respect par le Hamas de ses engagements, les posts de Donald Trump, on a vraiment joué à l’ascenseur émotionnel. Les sept premiers otages vivants sont arrivés, puis les treize autres. Entre la télé en direct et les SMS des uns et des autres, les appels, chacun avait “une info exclusive”…
Le même jour a eu lieu l’arrivée de Donald Trump à Jérusalem et son puissant discours (ou discours de puissant ?) à la Knesset. Sur la place des otages, tout le monde pleurait, certains de joie, d’autres prenant conscience que leur proche ne reviendrait pas vivant, mais on sentait une réelle communion.
Comment les Israéliens vivent actuellement le retour des otages ? Comment se déroule leur retour ?
On a vraiment eu l’impression que des membres de notre famille ont été libérés. Ces visages qu’on avait si souvent vus figés ou apeurés, très amaigris dans les vidéos qu’envoyait le Hamas, ont tout à coup pris quelques couleurs et se sont animés. Les voir enfin retrouver leurs proches a été un moment magique pour chaque Israélien qui a vécu deux ans de guerre, d’angoisse pour eux, de tristesse pour les nombreux morts et aussi de peur pour leurs proches enrôlés dans l’armée.
De ce que l’on sait, le retour se fait en douceur. Ils sont à l’hôpital pour vérifier leur santé générale. Certains ont été blessés, tous ont été sous-alimentés, et la plupart ont subi des violences et maltraitances physiques et morales. Les équipes médicales sont totalement mobilisées pour leur prodiguer toute opération nécessaire à leur rétablissement.
Cela dit, les blessures les plus profondes sont invisibles : il s’agit du traumatisme de ces deux ans de captivité, en isolement total pour certains. Pour cet aspect, il faut prendre conscience que cela prendra plusieurs années et parfois, il y a des “cicatrices” qui resteront malheureusement indélébiles. Les témoignages qu’on commence à entendre sur ce qu’ils ont vécu sont glaçants.
L’opinion publique israélienne est-elle en train de changer suite au retour des otages ?
C’est encore un peu tôt pour le dire. À ce jour, il reste une vingtaine de corps d’otages qui doivent être remis par le Hamas. L’opinion publique est encore dans l’attente et ne désarme pas tant qu’ils ne seront pas rentrés.
Même s’il est sans commune mesure avec celui des otages, le traumatisme collectif est encore très palpable. La moindre sirène, la plus petite déflagration provenant d’un chantier de construction fait sursauter tout le monde.
Pensez-vous que la paix soit possible ?
Oui, la paix est possible et souhaitable pour toute la région. Il faudra un renouvellement d’une autorité palestinienne complètement décrédibilisée et ouvertement corrompue, qui verse des salaires aux familles des terroristes, ce qui ne favorise pas la confiance.
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Mon sentiment est qu’il faudra tout de même une phase de séparation totale des populations israélienne et palestinienne, pour que les citoyens israéliens puissent panser leurs plaies, analyser les erreurs ayant contribué à la catastrophe du 7 octobre 2023 et la gestion de la guerre, tant sur le terrain, que sur le front médiatique.
Par ailleurs, la menace iranienne, qui est existentielle, semble encore persister et inquiète toujours les autorités de défense ainsi que la population.