Un profond soupir de soulagement a parcouru une large partie du Gouvernement, l’ensemble de la classe politique et tous ceux qui l’attendaient avec impatience. Le budget 2025 a finalement été définitivement adopté, alors qu’il aurait dû l’être avant le 31 décembre 2024.
Mais si un budget est désormais en place, il est loin d’être satisfaisant.
Des coupes budgétaires drastiques ont été opérées dans quasiment toutes les missions de l’État, dans le but d’atteindre un déficit public de 5,4 %. Bercy tenait à cet objectif coûte que coûte. C’est ainsi que, à la dernière minute et dans la plus grande discrétion, la Commission Mixte Paritaire – instance réunissant sept députés et sept sénateurs pour trouver un accord sur le budget – a adopté un amendement réduisant de 50 millions d’euros supplémentaires le budget de l’Action Extérieure de l’État.
Cette mission, sur laquelle vos Sénateurs ASFE étaient longuement intervenus lors de son examen au Sénat, englobe les crédits alloués à notre diplomatie, à notre réseau culturel et éducatif à l’étranger ainsi qu’aux Français de l’étranger. Les aides sociales qui leur sont destinées ont été particulièrement réduites.
Déjà en forte diminution après l’adoption d’amendements gouvernementaux au Sénat – contre lesquels nous nous étions fermement opposés – cette nouvelle réduction budgétaire aura des conséquences inévitables sur notre réseau diplomatique et consulaire. Le réseau AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) devra identifier de nouvelles sources d’économies, voire solliciter une augmentation supplémentaire de la contribution des familles. Par ailleurs, l’enveloppe consacrée aux bourses scolaires a également été réduite.
Dans le détail, les crédits ouverts pour le programme 105 « Action de la France dans l’Europe et dans le monde » sont passés de 2,79 milliards d’euros en 2024 à 2,64 milliards en 2025, soit une baisse de 146 millions d’euros (-5,3 %).
Concernant le programme 185 « Diplomatie culturelle et d’influence », il a été amputé de 70 millions d’euros, passant de 721 millions d’euros de crédits ouverts en 2024 à 651 millions cette année (-9,71 %).
Enfin, le programme « Français de l’étranger et affaires consulaires », plus modeste, a été raboté de « seulement » 11 millions d’euros (à périmètre constant), passant de 165 millions d’euros de crédits à 154 millions (-6,6 %).
Au total, la mission « Action extérieure de l’Etat » voit donc son budget passer de 3,67 milliards d’euros en 2024 à 3,45 milliards d’euros en 2025, soit une baisse totale de 6,1 %.
Que faut-il comprendre de ces coupes budgétaires massives ? Certes, des efforts d’économies étaient nécessaires, tant le déficit est préoccupant – d’autant que nous ne disposons toujours pas de toutes les réponses sur les raisons qui nous ont conduits à une telle situation. Certes, l’ensemble des missions de l’État a été touché, et chaque secteur a des motifs légitimes de s’en inquiéter.
Mais l’ampleur de ces réductions sur nos instruments d’influence à l’international, et plus encore sur le budget de l’Aide publique au développement, traduit un repli sur soi inquiétant. Diplomatie, soutien aux Français de l’étranger, rayonnement de la France… ces priorités ne sont plus perçues comme essentielles pour notre pays. Un discours désormais courant affirme que, dans le contexte actuel, « il faut d’abord s’occuper de la France et des Français ».
Ce raisonnement fait abstraction d’un point fondamental : notre influence internationale a un impact direct et indirect sur notre crédibilité, notre sécurité nationale et notre position stratégique dans le monde à moyen et long terme. En cette période de grande instabilité géopolitique, nous devrions renforcer notre engagement sur la scène internationale. Malheureusement, le choix a été fait de nous en détourner. Nous le déplorons profondément…
L’équipe de l’ASFE