C’est un signe qui ne trompe pas : les jeunes Chinois sont de plus en plus nombreux à acheter de l’or. Le recours à cet investissement qui, depuis la nuit des temps, sert de valeur refuge, est bien la preuve que l’Empire du Milieu traverse une grave crise économique. Il ne s’est pas remis de la pandémie de coronavirus à laquelle succède aujourd’hui une désorganisation du commerce international due à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, au conflit israélo-palestinien et aux attaques répétées des navires en mer Rouge par les milices houthis.
Alors que la Banque centrale chinoise vient de baisser les taux d’intérêt – à rebours d’ailleurs des principales économies mondiales qui les augmentent -, plusieurs indicateurs montrent que la deuxième puissance mondiale ne tourne pas rond. L’an dernier, celle-ci a enregistré l’une des croissances les plus faibles en trois décennies : elle était de 5,2%, contre 10% en moyenne dans les années 2000 et 20% dans les années 1980. A cela s’ajoutent le chômage élevé des jeunes, la consommation des ménages en forte baisse, la diminution des échanges, notamment avec l’Allemagne, et l’effondrement du secteur immobilier sur place… Le groupe Evergrande, l’un des plus grands groupes immobiliers chinois, à la tête de plus de 300 milliards de dollars de dettes, s’est déclaré en faillite aux États-Unis pendant l’été 2023, et vient d’être mis en liquidation par une décision d’un tribunal de Hong Kong, début février.
Cette crise est-elle conjoncturelle ou structurelle ? Est-ce le début du retournement de l’économie chinoise, la fin du miracle ? Au-delà des indicateurs classiques, certaines réalités montrent que la santé du pays risque de ne pas s’améliorer. La fin de la politique de l’enfant unique, depuis 2016, a des conséquences démographiques et économiques. Très bientôt, la population repassera sous la barre des 1,4 milliard d’habitants puis, vers 2050, en dessous de 1,2 milliard. Ce rétrécissement s’accompagne d’un vieillissement accéléré. La diminution du nombre d’actifs va rendre la main d’œuvre plus coûteuse et moins concurrentielle. Elle va également diminuer la consommation intérieure. Par ailleurs, la tentation de l’exil, notamment aux Etats-Unis, est très vive chez beaucoup de jeunes diplômés.
La Chine saura-t-elle relever ces nombreux défis ? Comme l’avait prédit naguère Alain Peyrefitte, la Chine s’est éveillée. Mais il ne faudrait pas qu’elle s’essouffle.
L’équipe de l’ASFE