Lors du Conseil européen des 14 et 15 décembre 2023, les dirigeants de l’Union Européenne ont voté l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie et l’attribution du statut de candidat à la Géorgie.
Les chefs d’Etat et de gouvernement européens se sont réunis à Bruxelles les 14 et 15 décembre 2023. Au menu des discussions, la situation au Proche-Orient, les enjeux de sécurité et de défense, la révision du budget à long terme de l’UE, ainsi que de la politique migratoire. Mais le point d’orgue de ce Conseil européen attendu était la question de l’élargissement de l’Union européenne (UE).
Vers une adhésion de l’Ukraine et la Moldavie ?
Le Conseil européen a suivi les recommandations formulées en novembre 2023 par la Commission européenne, en décidant d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie. L’UE a également accordé le statut de pays candidat à la Géorgie. Cette décision a été prise par 26 États membres sur 27, la Hongrie s’étant abstenue de voter.
L’Ukraine et la Moldavie avaient obtenu le statut de candidat à l’UE en juin 2022, quelques mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le Conseil devra encore adopter à l’unanimité le cadre des négociations avec ces deux pays, une fois que toutes les mesures clés demandées par la Commission auront été prises.
Lors de ce Conseil européen, l’UE a réaffirmé son soutien à l’Ukraine et s’est dit « déterminée à continuer d’affaiblir la capacité de la Russie à mener sa guerre, y compris par des sanctions renforcées ». Les dirigeants européens sont convenus d’un douzième ensemble de sanctions contre la Russie qui comprend notamment l’interdiction des importations de diamants russes dans l’UE et des mesures plus restrictives concernant le pétrole russe.
Un message à la Russie
De leur côté, les États-Unis ont salué une « décision historique ». Un avis que partage Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français établis à l’étranger, qui a estimé sur France Info que la décision du Conseil européen d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine était « la décision la plus importante dans l’histoire récente de la construction européenne. Également président de la commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, il voit en cette décision « un soutien politique extrêmement puissant qui veut dire que nous lions notre destin à l’Ukraine pour les décennies à venir ». « C’est aussi un message envoyé à la Russie de Vladimir Poutine », a-t-il ajouté. « Avec ce message-là, les Européens disent à Vladimir Poutine que leur soutien sera durable ».
Moscou prend note… et menace
La réaction russe ne s’est pas fait attendre. « La Russie ne peut pas, comme certains pays, renoncer à sa souveraineté en échange de quelques saucisses et devenir le satellite de quelqu’un » déclarait Vladimir Poutine dimanche 17 décembre, lors d’une allocution devant le parti au pouvoir. Une référence à peine voilée à l’Ukraine. Accusant les Occidentaux de chercher à « faire s’effondrer l’économie et la sphère sociale russe » il a par ailleurs prévenu que l’entrée de la Finlande dans l’Otan cette année aurait des conséquences. « Il n’y avait aucun problème là-bas, mais il y en aura maintenant, car nous allons créer le district militaire de Léningrad et y concentrer un certain nombre d’unités » prévient-il. Les relations entre les deux voisins, qui partagent une frontière longue de 1 340 kilomètres, se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l’offensive russe en Ukraine. Une attaque qui a conduit la Finlande, inquiète pour sa sécurité, à rejoindre l’Otan en avril 2023.
ET LES BALKANS ?
Le Conseil européen a été précédé par un sommet, le 13 décembre 2023, entre l’Union européenne et les Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie). À l’issue de ce sommet, l’UE a appelé à « accélérer le processus d’adhésion » des Balkans, « sur la base de réformes crédibles ».
Concernant la Bosnie-Herzégovine, le Conseil a déclaré qu’il ouvrirait les négociations « une fois que le pays aura atteint le degré nécessaire de conformité avec les critères d’adhésion ». La Commission européenne doit rendre compte d’ici le mois de mars 2024 des progrès réalisés par le pays.
Afin de favoriser une intégration progressive des Balkans, l’UE va étudier la proposition de la Commission européenne d’un « plan de croissance » de 6 milliards d’euros visant à faire bénéficier la région de certains des avantages de l’adhésion avant celle-ci. L’objectif est de renforcer l’intégration économique des Balkans avec l’UE et d’inciter les pays à intensifier leurs réformes.