Jeudi 30 novembre marque le coup d’envoi du plus grand rendez-vous international sur le climat. La COP28 est organisée par les Émirats arabes unis, à Dubaï. Une édition particulièrement importante qui préfigure des actions à mener pendant les dix à quinze prochaines années.
Du 30 novembre au 12 décembre, tous les regards seront braqués sur Dubaï qui accueille la COP28. Pour cette édition, 70 000 participants sont attendus. L’agenda particulièrement chargé portera – ente autres – sur des thématiques telles que le développement de fonds d’aide, la diminution progressive de la dépendance aux énergies fossiles, ou encore, l’évaluation globale des progrès réalisés dans le cadre de l’Accord de Paris, depuis son entrée en vigueur en 2015. Cette évaluation doit justement trouver sa conclusion à Dubaï, lors de la COP28.
La conclusion du bilan mondial
Afin de mettre en œuvre les objectifs de l’Accord de Paris pour le climat, plusieurs mécanismes ont été mis en place, parmi lesquels le « bilan mondial ». Comme son nom l’indique, il s’agit de dresser le bilan de ce qui a été entrepris depuis 2015 : mesures d’atténuation du réchauffement climatique, adaptation à ses effets, finances de la transition. Le principe est d’avoir une base commune où chaque pays dresse l’inventaire des actions qu’il a menées et de leurs effets. Un travail de longue haleine : sa rédaction a nécessité deux ans de négociations, dont trois sessions de dialogue avec l’ensemble des 200 Etats signataires de l’Accord de Paris.
La condition de cet accord universel – organisé en cycles de cinq ans – prévoit en effet que les pays prennent des engagements nationalement déterminés (NDC) qui doivent être mis à jour tous les cinq ans. La conclusion du bilan mondial qui sera présentée au cours de la COP28 doit également informer la prochaine vague de soumission de NDC attendue en 2025.
Un bilan, plusieurs enjeux
En ce sens, le rendez-vous de Dubaï constitue une étape majeure, car il s’agira de trouver un consensus – loin d’être acquis – sur la composante politique du bilan mondial. Parmi les sujets de discorde, la question de la répartition des efforts à mener pour atténuer le réchauffement climatique. Pour les pays en développement notamment, le bilan mondial marque l’occasion d’inscrire noir sur blanc la responsabilité des pays développés dans le retard pris aujourd’hui.
Les États-Unis, le Japon ou encore le Royaume-Uni estiment quant à eux que les recommandations du bilan mondial doivent encourager les « grands émetteurs » à faire davantage dans la prochaine décennie. Derrière cette formule qui n’a rien d’anodine, l’Inde et la Chine semblent particulièrement visés. Les deux pays souhaitent en effet, dans le cadre des négociations, être toujours considérés comme « en développement » , afin de ne pas devoir répondre à davantage d’obligations. Difficile dans ces conditions de trouver une tournure qui fasse consensus. L’arbitrage de la présidence émirienne devrait être déterminant sur ce point.
Fonds de compensation : où allons-nous ?
Par ailleurs, il y aura aussi cette année une discussion sur la question du fonds « pertes et dommages », qui est censé compenser les pays les plus pauvres, premières victimes du changement climatique, alors qu’ils y contribuent le moins. Le principe de ce fonds avait été approuvé l’an dernier, mais sans aucun détail : il était prévu que des précisions soient apportées cette année, en vue d’un vote à Dubaï mais les négociations n’ont pas abouti. En cause notamment, le principe de contributions obligatoires refusé catégoriquement par les États-Unis – dont le président, Joe Biden, ne participera à la COP28. Selon toute vraisemblance, ils ont obtenu gain de cause : l’engagement de 100 milliards de dollars annuels pour les pays pauvres, pris à Copenhague, n’a jamais été atteint.
Energies fossiles : peu d’avancées attendues
Autre enjeu majeure de cette COP, la diminution du recours aux énergies fossiles. Sur ce point, les premiers signaux de cette édition ne sont pas de bon augure. La COP28 est en effet présidée par le Sultan Ahmed al-Jaber, qui n’est autre que le président de la Abu Dhabi National Oil Company, la principale compagnie nationale de pétrole des Emirats arabes unis. Or, sous sa direction, la compagnie nationale a annoncé qu’elle prévoyait une augmentation de la production de sept milliards de barils de pétrole, en contradiction directe avec les engagements des Emirats pour réduire leurs émissions.
De même – et bien que le fait ne soit pas nouveau – plusieurs centaines de lobbyistes des énergies fossiles doivent assister aux pourparlers. De nombreux pays intègrent en effet, dans leur délégation, des représentants des compagnies pétrolières ou gazières nationales. Pendant la COP27 en Egypte, près de 400 personnes liées d’une manière ou d’une autre aux industries des énergies fossiles avaient ainsi assisté aux pourparlers sur le climat en 2022. Près d’un quart d’entre elles étaient accréditées par une entreprise d’électricité. Cette année ne fera pas exception et risque même de connaitre des records en la matière puisque pour la première fois, même l’OPEP, l’organisation des pays producteurs de pétrole, aura un pavillon.
Dans ce contexte, gageons que ce n’est pas à la COP28 qu’une augmentation d’impôt des entreprises les plus polluantes ou la création d’une taxe dédiée sera décidée.
Les Émirats et la transition énergétique
- La fédération porte une forte ambition de transition énergétique en visant, à horizon 2050, une énergie électrique produite et consommée entièrement décarbonée.
- A l’horizon 2030, elle s’est engagée à tripler sa production d’énergies renouvelables, à développer sa production d’hydrogène et à accélérer le déploiement des voitures électriques.
- Les EAU ont aussi lancé Masdar City en 2008. Cette ville verte et intelligente au cœur du désert, pensée par l’architecte Norman Foster, est un projet expérimental qui préfigure les villes du futur et vise à créer un écosystème entrepreneurial dédié à la transition écologique et au développement durable.