La Journée mondiale de l’océan est une initiative lancée en 1992 à l’issue du sommet de Rio et qui vise à faire du 8 juin de chaque année une occasion pour sensibiliser le grand public à une meilleure gestion des océans et de leurs ressources.
Après des débuts timides, cet événement a aujourd’hui une grande ampleur dans le domaine de la sensibilisation à la santé des océans et celui d’une meilleure gestion de l’Océan et de ses ressources.
Biodiversité marine, pêche, transport maritime, sûreté…Retour sur les enjeux des politiques européennes et internationales autour des mers et océans.
Les océans en quelque chiffres
L’océan couvre plus de 70% de la planète, ce qui correspond à 360 millions de kilomètres carrés. Plus de 90% des 10 espèces de poissons les plus pêchés sont en voie de disparition et près de 50% des autres espèces commerciales sont menacées par l’industrie de la pêche, par ailleurs 80% de la pollution des océans provient des terres.
L’océan joue un rôle clé dans la lutte contre le réchauffement climatique : il absorbe plus de 90% de la chaleur qui résulte des gaz à effet de serre et produit 50% de notre oxygène.
Entre 19 et 23 millions de tonnes de plastiques arrivent chaque année dans les eaux de la planète, dont une bonne partie finissent en mer, selon les estimations du WWF.
Quel rôle pour l’Union européenne?
L’article 3 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) confère à l’Union européenne une compétence exclusive en matière de conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de sa politique commune de la pêche. L’UE peut donc adopter des mesures contraignantes qui s’imposent aux États membre dans ce domaine.
Elle a notamment mis en place un régime de totaux admissibles de capture (TAC) et des quotas annuels : les quantités maximales de pêche pour chaque espèce et secteur sont fixées par le Conseil chaque année et sont ensuite réparties entre les États membres.
La préservation de la biodiversité marine fait l’objet d’une attention particulière. Dans sa stratégie en la matière, la Commission européenne a fixé l’objectif de protéger 30 % des plus de 11 millions de km2 de mers de l’UE en 2030, en partie avec l’extension des zones « Natura 2000 », des sites naturels et semi-naturels qui se distinguent par leur biodiversité exceptionnelle. En parallèle, un projet de législation visant à restaurer les écosystèmes dégradés a été publié en juin 2022 fixant des objectifs de restauration contraignants pour certains habitats et des espèces spécifiques, à l’image des dauphins, marsouins, requins et oiseaux de mer.
Concernant le transport maritime, l’Union européenne a décidé d’intégrer ce secteur au système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre. À travers ce dispositif, les entreprises sont obligées d’acheter des droits à polluer, afin de les inciter à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cette mesure devrait permettre de réduire l’écart de coût entre les investissements dans les énergies bas carbone, plus onéreuses, et l’utilisation de combustibles fossiles.
Le 22 mars dernier, dans le cadre de la conférence mondiale Notre océan, réunie pendant deux jours à Panama, l’Union européenne a annoncé qu’elle consacrera en 2023 plus de 800 millions d’euros à des programmes de protection des océans.
La préservation des mers et des océans est une question mondiale. Les initiatives adoptées en ce sens au niveau européen s’inscrivent dans un effort global porté par les Nations Unies.
Le protection des océans dans le cadre des Nations Unies
Plusieurs organisations, agences et groupes d’experts travaillent en synergie pour la protection des océans sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies.
L’Organisation maritime mondiale (OMI) joue un rôle clé en la matière. Créée en 1948, l’OMI est l’institution spécialisée des Nations Unies chargée d’assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers et de l’atmosphère par les navires.
Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) est composé de trois groupes de travail (aspects scientifiques du changement climatique; impact et vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels; solutions envisageables) et d’une équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre. Les problématiques liées à la protection des océans occupent une place importante dans les travaux du groupe d’experts.
Le 20 mars dernier, le GIEC a présenté une synthèse de ses six derniers rapports, un cycle de travaux initié en 2015. Durant cette période, en 2019, le groupe d’experts internationaux a publié un “rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique”. Ce document donne au public les dernières informations sur la fonte des glaciers terrestres, du Groenland, de l’Antarctique, de la banquise, du manteau neigeux et du pergélisol ainsi que sur l’élévation du niveau de la mer, le réchauffement, l’acidification et la désoxygénation des océans, avec leurs impacts sur les productions marines et la biodiversité ; ceci en particulier au niveau de l’Arctique, des régions montagneuses et côtières.
Le 4 mars dernier, au siège des Nations Unies à New York, un traité historique a été adopté pour protéger la haute mer, après 15 ans de négociations. Ce traité a vocation à élaborer un instrument international juridiquement contraignant afin de renforcer la gouvernance de la haute mer et d’établir les outils nécessaires à une protection effective de l’océan et à une utilisation durable de ses ressources. Vous pouvez accéder à notre article sur le sujet ici.