Tandis que le débat sur la réforme des retraites continue en France – avec une décision extrêmement attendue du Conseil constitutionnel qui sera publiée demain – le président de la République entend défendre, par des déplacements à l’étranger, la souveraineté, l’indépendance, l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe.
La crise sanitaire que nous venons de traverser a souligné la trop grande dépendance du vieux continent par rapport aux pays émergents. L’urgence d’une réindustrialisation s’est faite plus que jamais sentir, dans un monde plus éclaté que jamais où la concurrence est féroce. Puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie a montré que la liberté et la démocratie n’étaient pas acquises.
Emmanuel Macron est d’abord allé en Chine, le week-end dernier. Accompagné d’Ursula van der Leyen, présidente allemande de la Commission européenne, il a voulu marquer une certaine distance face aux Etats-Unis.
Dans un entretien donné au journal « Les Echos », il a eu des propos controversés. Dans une forme de mise au point, l’Elysée a rappelé ensuite que le chef de l’Etat n’avait jamais demandé à l’Europe à se tenir à « équidistance » des États-Unis et de la Chine. « Les États-Unis sont nos alliés, nous partageons des valeurs communes », a ajouté le palais présidentiel.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, de son côté, a insisté : « Ce n’est pas parce nous sommes les alliés des Etats-Unis que nous devons être contre la Chine (…) Nous n’avons pas à être pris à partie dans cette rivalité qui existe entre les Etats-Unis et la Chine, nous voulons bâtir l’indépendance européenne, renforcer l’Europe ».
L’Europe et son indépendance, il en a été précisément question dans la visite d’Etat d’Emmanuel Macron, en début de cette semaine, aux Pays-Bas. Voyage qui s’inscrivait sur le plan thématique comme une suite logique de son séjour en Chine. Dans un discours solennel, il a développé son idée de la souveraineté économique et industrielle de l’Union européenne, dans le prolongement de celui de la Sorbonne en 2017. Il s’est fait le chantre de la « souveraineté », de « l’autonomie stratégique » européenne, avec l’idée de renforcer le poids et l’influence de l’UE face à la Chine et aux Etats-Unis.
Les mots sont prononcés, les ambitions sont claires, mais de la parole aux actes, il y a encore loin et l’Europe doit encore faire beaucoup d’efforts pour revendiquer son indépendance. D’autant que les pays d’Europe centrale, via l’Otan, ne souhaitent pas, de sitôt, s’affranchir du « parapluie » américain.
L’équipe de l’ASFE