Le premier tour de l’élection présidentielle confirme ce que l’on commençait à observer en 2017 : le paysage politique français est en pleine recomposition. Au traditionnel clivage gauche-droite vient se substituer une autre réalité. Le scrutin de dimanche montre une sérieuse défaite de LR et du PS, les deux partis qui ont structuré le débat pendant plus de cinquante ans, et une division électorale du pays en quatre quarts de proportions différentes.
Le premier est occupé par la majorité présidentielle (27,8%). Il correspond à ces Français ouverts sur l’Europe et la mondialisation – comme le prouve d’ailleurs les scores du Président sortant chez les Français de l’étranger – soucieux de la bonne marche économique du pays. Il est idéologiquement au centre des débats, davantage au centre droit qu’au centre gauche car il a aspiré une large part de l’électorat LR, réduit à 4,7% des suffrages, sous le drapeau de Valérie Pécresse.
Le deuxième est représenté par Marine Le Pen (23,15%). A son score, il convient d’ajouter celui d’Eric Zemmour (7%). Ensemble, ils incarnent un courant souverainiste, identitaire, inquiet du choc des civilisations provoqué par la mondialisation, favorable aux frontières et à une forte protection sociale.
Le troisième quart a pour tête de pont Jean-Luc Mélenchon (21,9%). On comprend aussi une forte partie des votes Jadot, Hidalgo, Roussel et des deux candidats trotskistes. Ce quart de France est vraiment situé à gauche, franchement hostile à l’action d’Emmanuel Macron et à ce qu’il représente, entre libéralisme et capitalisme.
Enfin, le quatrième quart est celui des abstentionnistes : 26,3% des inscrits. Le deuxième niveau le plus élevé dans une présidentielle sous la Vème République. Cette abstention est-elle conjoncturelle en raison d’une offre de vote jugée inintéressante ? Ou bien est-elle structurelle, l’expression du rejet d’un personnel politique accusé de ne pas tenir ses promesses ? Sans doute un peu les deux.
Ce qui apparaît clairement, c’est que le pays traverse une phase de vive protestation. Si l’on ajoute les électorats de Marine le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, deux candidats se revendiquant anti système, aux abstentionnistes, on constate que plus de 70% des Français, pour des raisons diverses et variées, sont d’humeur contestatrice. Le passé récent des Gilets jaunes est encore dans toutes les têtes…La campagne d’entre deux tours a commencé. C’est un peu comme si une nouvelle élection avait lieu. Celle-ci sera plus que le match retour de 2017 car les deux prétendants ont évolué et appris de leurs erreurs passées. Toute la France attend, bien sûr, le grand débat du mercredi 20 avril. Il devrait, lui aussi, être très différent…
L’équipe de l’ASFE