L’ASFE a eu l’occasion d’échanger avec Sophie Thouvenel, cofondatrice de l’association « Hirondelle de l’avenir », un organisme dédié à l’accompagnement des jeunes béninois dans leur parcours scolaire et professionnel. L’association, qui a vu le jour en 2006, parraine aujourd’hui 600 enfants, leur permettant ainsi d’être scolarisés.
Pour commencer, pourriez-vous présenter les différentes activités de l’association ?
Au commencement, l’association a démarré avec un programme de parrainage d’enfants. Grâce à des dons, nous avons débuté en finançant intégralement l’éducation de 8 enfants. Aujourd’hui, nous sommes désormais responsables des formations de près de 600 jeunes.
On accorde des bourses de scolarité pour la poursuite d’études universitaires, ou pour accéder à certaines formations, en s’adaptant aux besoins de chacun. Mais pour pouvoir permettre à ces personnes d’être formées, ou scolarisées, il faut pouvoir être en mesure de leur apporter un environnement propice et sain. Nous avons ainsi construit 16 puits qui ont pu bénéficier à 90 000 personnes, et nous avons mis à disposition un programme alimentaire et sanitaire.
Et quelle est la nature des différentes formations proposées par votre association ?
L’idée est d’outiller l’enfant de sa naissance jusqu’à son insertion professionnelle. Nous insistons sur une éducation scolaire et professionnelle à long terme, et c’est en cela que nous faisons de la mise en place d’un écosystème social et durable notre priorité. Nous offrons des possibilités différentes pour chacun de nos jeunes. Nous sommes là pour valoriser les talents africains, et préparer la jeunesse au leadership.
Et quelle est la nature des différentes formations proposées par votre association ?
Nous avons notamment ouvert en collaboration avec SYD et THALES deux écoles de coding. Cela nous permet de former 300 enfants depuis le mois de mai. Ces écoles ouvrent le chemin des possibles, et on remarque que ces jeunes ont une très grande créativité qui peut être exploitée dans la conception notamment de jeux vidéos, ou de dessins animés. Aujourd’hui, nous avons plus de 250 marraines et parrains dans le monde. Avec des dons de 15 euros par mois, nous arrivons à financer non seulement les frais de scolarité des jeunes, mais aussi à mettre en place un environnement sain à leur disposition.
Quelles sont les plus grandes difficultés auxquelles votre association a dû se confronter lors de la mise en place de vos projets ?
Le plus grand frein dans nos actions est la tradition. La culture béninoise privilégie l’accès à la scolarité pour les garçons. Les jeunes filles sont mariées très tôt, à l’âge de 12-13ans, et font souvent face à des grossesses précoces. Les enfants travaillent très jeunes pour des questions de précarité financière, les parents ont besoin de main d’œuvre. Nous avons comme ambition de changer ce paradigme, de faire prendre conscience aux enfants de leur potentiel, tout en proposant aux parents un accompagnement financier en contrepartie de la scolarisation de leurs enfants.
Avez-vous des ambitions de développement pour le futur de l’association ?
Nous souhaitons ouvrir les portes de notre propre centre de formation pour les jeunes filles. Afin d’être plus indépendants en termes de financement, nous souhaitons cultiver des plantes thérapeutiques, telles que la spiruline, pour les exporter et les vendre à l’international. Cela aurait un triple impact : faire entrer des fonds pour l’association de façon autonome, former des jeunes filles à un nouveau métier, et enfin soigner les femmes qui font partie de notre programme grâce aux plantes médicinales.
Souhaitez-vous faire passer un message en particulier aux travers de vos actions ?
Nous souhaitons faire prendre conscience à la jeunesse béninoise de son talent. Il s’agit de valoriser le Bénin, en leur prouvant que c’est une terre d’opportunité pour le développement de nouveaux projets. Nous sommes une association de médiation, nous ne voulons pas avoir un discours paternaliste sur ce qui est, et ce qui devrait-être, nous souhaitons simplement faire prendre conscience aux parents qu’ils peuvent tout à fait continuer à faire valoir leurs traditions, tout en scolarisant leurs enfants pour qu’ils puissent contribuer à construire l’Afrique de demain.