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Elections régionales et départementales : un « échec démocratique »

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Le premier tour des élections régionales en France a été marqué par une abstention record dans l’histoire de la Vème République. Quelque 66,74 % des électeurs inscrits ne se sont pas déplacés, selon le ministère de l’Intérieur. Cela signifie que moins d’un Français sur trois s’est rendu aux urnes. L’ensemble de la société est touché.

Les chiffres sont notamment vertigineux chez les jeunes. Au total, 82 % des électeurs de moins de 35 ans n’ont pas voté, contre 70 % en 2015 – ce qui semblait déjà haut à l’époque. Chez les 18-24 ans, ils sont même 84 %, contre 76 % en 2015. Par catégories socioprofessionnelles, 69 % des cadres et des professions intellectuelles supérieures n’ont pas voté dimanche dernier, contre 50 % en 2015. Dans les catégories dites populaires, l’abstention, qui était de 56 % en 2015, est passée à 72 % en 2021.

On observe également une forte augmentation de l’abstention chez les diplômés du supérieur. 68 % d’entre eux ne se sont pas rendus aux urnes alors qu’ils n’étaient que 46 % en 2015. Toutes les régions sont concernées par cette désaffection : 72 % des habitants de l’agglomération parisienne se sont abstenus, niveau élevé, mais dans les communes urbaines de province, l’abstention a atteint 67 %, comme dans les communes rurales, où elle est passée de 44 % à 67 % en six ans.

Autre indice : une majorité des électeurs de la présidentielle de 2017 se sont abstenus. Parmi eux : 75 % de ceux qui avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon, 60 % de ceux qui s’étaient prononcés pour Benoît Hamon, 64 % de ceux qui avaient soutenu Emmanuel Macron, 48 % de ceux qui s’étaient rangés derrière François Fillon, et 71 % des électeurs de Marine Le Pen. De quoi tordre le cou à l’idée que les extrêmes profiteraient systématiquement de l’abstention…Quelle est l’explication de ce tsunami abstentionniste ? Les politologues sont divisés dans leur interprétation.

Pour certains, l’indifférence serait le motif principal de cette désaffection. Pour d’autres, le rejet du personnel politique, donc la colère, serait tellement fort dans le pays qu’il toucherait même des formations jusque-là considérées comme protestataires, à l’instar du Rassemblement national. Cet « échec démocratique » n’a certainement pas qu’une seule cause.

A l’indifférence et à la colère, sans doute faut-il ajouter le flou qui entoure les enjeux des élections régionales et départementales – qui connaît les compétences des régions et des départements ? – et la sortie de la pandémie qui incite les Français à penser davantage aux vacances ou à leurs loisirs qu’à un rendez-vous politique. Sans doute aussi conviendra-t-il de se pencher un jour sur la réintroduction du vote par correspondance, supprimé en 1975 pour suspicion de fraude, et sur l’instauration du vote par internet, qui fait aujourd’hui débat.

Nul doute que l’utilisation du vote électronique pour les élections des Conseillers des Français de l’étranger 2021 sera scruté de près par ceux qui recherchent aujourd’hui des solutions à l’abstention. En attendant, de nombreuses personnalités politiques ont appelé à un sursaut pour le second tour. On verra si elles sont entendues…

L’équipe de l’ASFE

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