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COP30 : à mi-parcours, Belém devient le miroir des ambitions climatiques

À mi-parcours de la COP30, accueillie cette année à Belém, une impression domine : rarement une conférence climatique aura été si puissamment ancrée dans un territoire, et rarement ce territoire aura autant exposé le contraste entre l’urgence et l’inaction. Au cœur de l’Amazonie, où la fragilité des écosystèmes saute aux yeux, les États continuent de débattre comme si la marge de manœuvre n’était pas déjà presque entièrement consommée.

Le premier choc de cette édition, c’est l’absence notable des États-Unis. Qu’elle relève de calculs politiques internes ou de priorités diplomatiques divergentes, elle pèse lourd. Dans un processus déjà miné par les lenteurs, le retrait volontaire d’un acteur majeur agit comme un perturbateur silencieux : il affaiblit les dynamiques d’entraînement, attise les frustrations du Sud global et alimente l’idée que les engagements climatiques restent trop souvent un instrument à géométrie variable.

Face à ce vide, certains pays tentent de combler l’espace diplomatique. La France, en particulier, affiche une volonté de jouer un rôle plus affirmé : plaidoyer pour un financement massif de l’adaptation, soutien à une trajectoire claire de sortie des énergies fossiles, multiplication des échanges bilatéraux avec les pays amazoniens. Une posture volontariste, certes, mais qui rappelle aussi les propres contradictions hexagonales. Néanmoins, dans l’équation fragile de Belém, cette présence active a le mérite de maintenir un cap politique.

Reste que les négociations demeurent prisonnières d’un rythme insuffisant. Les scientifiques alertent depuis des années : la fenêtre pour rester sous 1,5 °C se referme à grande vitesse. Pourtant, les États continuent d’avancer à pas comptés. Le fossé entre les promesses et les dispositifs concrets demeure béant, notamment en matière de financements climatiques, parent pauvre des COP successives.

Pourtant, Belém n’offre pas qu’un tableau d’inquiétudes. L’évolution du débat sur les énergies fossiles est notable : pour la première fois, un nombre croissant de pays traditionnellement dépendants des hydrocarbures reconnaissent l’inévitabilité d’un calendrier de sortie — la question n’est plus si, mais quand et comment. Un changement culturel discret mais réel, qui pourrait ouvrir la porte à un accord historique… si la seconde semaine confirme cet élan.

La société civile, omniprésente dans les rues comme dans les forums, ajoute un souffle essentiel. À Belém, la mobilisation des peuples autochtones, des ONG, des villes et des entreprises rappelle que la transition n’est plus un sujet réservé aux chancelleries. Le monde exige des trajectoires, pas des vœux pieux.

À mi-parcours, le verdict est donc double : les lignes bougent, mais pas encore assez pour répondre à la situation. Belém offre un décor qui exige du courage ; il reste à savoir si les délégations sauront s’en montrer dignes. La seconde moitié de cette COP30 devra être celle de la clarté, de la cohérence, et du passage à l’action.

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