ASFE · Alliance Solidaire des Français de l'Étranger

EKOLOKID : l’aventure écolo des enfants au cœur du Mexique

Entre guide de voyage et carnet d’aventures, EKOLOKID entraîne les enfants et leurs familles sur les traces de la biodiversité mexicaine. Avec 50 activités inédites, ce programme de tourisme durable les invite à sauver axolotls, jaguars ou mangroves, tout en rencontrant des communautés locales. Laetitia Lefaure, fonctionnaire française passionnée de développement durable, a imaginé ce projet pour éveiller la curiosité écologique des 7-15 ans et leur donner le goût d’agir.

Genèse du projet – Quelles expériences personnelles ou professionnelles t’ont amenée à créer EKOLOKID ? Y a-t-il eu un déclic précis pendant tes années à l’ambassade de France au Mexique ?

Tout a commencé lorsque je suis arrivée il y a cinq ans à l’ambassade de France à Mexico, comme conseillère développement durable, détachée par le ministère de la Transition écologique. J’ai eu la chance de faire de nombreux voyages à travers le pays et j’ai été frappée par l’extraordinaire biodiversité du Mexique.

Je me suis dit que pour des enfants, être en contact direct avec cette nature incroyable pouvait éveiller des vocations, susciter une prise de conscience, et les encourager à devenir de véritables ambassadeurs de la biodiversité.

Un moment marquant a été l’histoire de Paul, un petit garçon de 7 ans de Lille. Il a écrit à l’ambassadeur pour expliquer qu’il faisait un exposé sur le raton laveur nain de Cozumel et qu’il aimerait connaître les mesures mises en place pour le protéger. J’ai répondu en adaptant mon message à un enfant de son âge. Ce simple échange a été un déclic : j’ai compris combien les enfants pouvaient être sensibles à ces enjeux. J’ai su que j’avais envie de créer quelque chose pour eux.

Innovation pédagogique – En quoi EKOLOKID se distingue-t-il d’un simple guide touristique pour enfants ? Quels choix as-tu faits pour que l’expérience soit à la fois ludique, éducative et réellement transformative ?

Dès le départ, j’ai voulu que chaque activité donne aux enfants un vrai rôle, concret et valorisant, dans la protection de la biodiversité. Par exemple : planter un bébé cactus pour reboiser, participer au suivi des jaguars, accompagner la réhabilitation de singes autrefois captifs, ou encore participer à une activité en mer, puis réaliser un dessin pour sensibiliser les visiteurs à la richesse et à la fragilité de la biodiversité marine.

Chaque mission accomplie leur permet d’obtenir un tampon dans leur passeport EKOLOKID. Au bout de trois activités, ils reçoivent un diplôme. Cela transforme leur séjour en véritable aventure initiatique. Ils ne sont plus seulement spectateurs, mais acteurs de la protection de la nature.

Cocréation locale – Tu as travaillé main dans la main avec des centres écotouristiques et des communautés. Peux-tu nous décrire ce processus et la manière dont leurs savoir-faire ont façonné les activités proposées ?

Toutes les activités ont été coconstruites avec les communautés locales. Je suis partie à chaque fois des activités déjà proposées aux adultes dans les centres écotouristiques, puis, ensemble, nous avons imaginé une version adaptée aux enfants.

L’idée était toujours de trouver une mission concrète à confier aux enfants, en lien avec l’action menée localement pour préserver la biodiversité. Ce processus m’a permis de rencontrer des personnes passionnées, qui adorent transmettre leur savoir aux plus jeunes : les usages des plantes médicinales, les secrets des abeilles mayas sans dard (les mélipones), ou encore la protection des tortues marines.

Impact mesurable – Au-delà du plaisir des enfants, comment évalues-tu les retombées pour l’environnement ou pour les communautés partenaires ? As-tu déjà des indicateurs ou des témoignages marquants ?

Le projet est encore tout jeune : EKOLOKID Mexique est un pilote, et le livre vient juste de sortir. Mais les premiers retours sont très positifs. Les communautés partenaires sont enthousiastes, car cela leur permet d’élargir leur offre touristique à un public familial, encore peu pris en compte dans les circuits classiques.

Côté enfants, certains témoignages sont très touchants : après une activité autour des axolotls, plusieurs ont exprimé le désir d’en faire plus, de s’engager pour d’autres espèces. C’est exactement ce que j’espérais : planter une graine de curiosité et d’engagement écologique.

Dimension française – Ton projet est soutenu par des acteurs français (STAFE, entreprises). Comment ce réseau contribue-t-il au rayonnement de la France et à la promotion d’un tourisme durable ?

À travers EKOLOKID, c’est une certaine vision française du tourisme qui s’exprime : un tourisme curieux, responsable, engagé. Les Français ont souvent envie de sortir des sentiers battus, de vivre des expériences authentiques en pleine nature, et de contribuer positivement aux territoires qu’ils visitent.

Le soutien du STAFE (Soutien au tissu associatif des Français à l’étranger) et la collaboration avec l’illustratrice Geneviève Marot, elle aussi française, renforcent cette dynamique. Cela donne à EKOLOKID une identité franco-mexicaine forte, au croisement de l’éducation, du développement durable et des échanges interculturels.

Prochain chapitre – Souhaites-tu étendre EKOLOKID à d’autres régions du Mexique ou même à d’autres pays ? Quels défis vois-tu pour cette éventuelle expansion ?

Mon rêve serait de créer une véritable collection Ekolokid à travers le monde, pour inviter les enfants à découvrir et protéger la biodiversité d’autres régions et cultures.
Le principal défi sera de trouver, dans chaque pays, les bons relais pour rencontrer des communautés prêtes à rejoindre l’aventure, et de construire avec elles une relation de confiance, dans le respect de leurs savoirs, de leurs valeurs et de leur mode de vie.
Mais avant cela, je souhaite approfondir le concept au Mexique — c’est encore à l’état de réflexion, mais plusieurs pistes sont déjà en cours d’exploration.

Laetitia Lefaure

 

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