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Présidence Trump, les premiers 250 jours

Droits de douane

S’ils sont une arme économique indiscutable pour essayer de rapatrier aux Etats-Unis des productions délocalisées, ils ont aussi un impact sur le taux d’inflation. Celui-ci repart à la hausse (2,9% en tendance annuelle à fin août, contre 2,7% à fin juillet et 2,53% l’an dernier). La banque centrale est donc réticente à baisser trop rapidement les taux d‘intérêt, provoquant la colère du président qui a menacé de mettre un terme au mandat du gouverneur avant d’y renoncer. Après la baisse attendue de 0,25% en septembre, une autre devrait intervenir d’ici la fin de l’année. Toutefois, le mouvement risque de se ralentir, d’autant que les mesures économiques présentées par le président et adoptées par les deux chambres vont creuser les déficits budgétaires à venir et pourraient être génératrices d’inflation.

One Big Beautiful Bill

C’est le grand projet législatif du début de mandat. Les allègements d’impôts votés lors du premier mandat de Donald Trump en 2017 sont pérennisés avec en prime de nouvelles réductions d’impôts pour les personnes âgées, des exemptions pour les pourboires et heures supplémentaires, une augmentation substantielle du budget de la Défense et l’abandon de toutes les subventions pour l’automobile électrique et les énergies renouvelables. La réduction importante des programmes d‘aide aux personnes à revenus modestes (Medicare, aide alimentaire) suscite un débat passionné mais ces économies ne suffisent pas à modérer les déficits. Le Congressional Budget Office (CBO) estime que ces déficits se creuseront de $3800 milliards au cours des dix ans à venir. Si ce chiffre se vérifie, l’inflation ne reculera pas substantiellement et les taux d’intérêts à long terme ne baisseront pas.

La politique d’immigration

C’était un sujet de grande satisfaction pour la base électorale du président lors des 100 premiers jours de son mandat. Le verrouillage des frontières est très efficace et les premières interventions pour expulser d’immigrés illégaux avaient l’assentiment du public. Au tournant des 250 jours, quelques voix se font entendre, au-delà de celles des dirigeants du parti démocrate. En effet, certaines interventions récentes ont touché des personnes établies depuis longtemps aux Etats-Unis, bénéficiant d’un emploi stable et souvent mariés à et/ou parents de citoyens américains. L’opinion publique semble plus réservée quant à la nécessité de ces reconduites à la frontière, d’autant que les emplois occupés par les expulsés ne sont pas toujours attractifs pour les résidents légaux. Il en faudra plus pour convaincre le président de ralentir son action, mais il est possible que le projet de régulariser ceux qui vivent aux Etats-Unis depuis longtemps, se sont intégrés et n’ont pas de casier judiciaire, refasse surface, y compris chez les élus Républicains.

La redéfinition des pouvoirs du président

Plus qu’aucun de ses prédécesseurs, Donald Trump a utilisé abondamment la procédure des décrets présidentiels (executive orders). Ceux-ci permettent de ne pas avoir à présenter une mesure au Congrès et d’en demander l’exécution immédiatement. De nombreux juges fédéraux ont bloqué ces décrets et leurs décisions s’étendaient à la totalité du pays. L’affaire a été portée devant la Cour Suprême qui a jugé qu’un juge fédéral ne pouvait à lui seul bloquer l’action du président sur l’ensemble du territoire américain.

Dans un autre registre, la Cour a validé les décisions du président de ne plus financer certaines agences ou entités crées par le Congrès et qu’il ne peut pas dissoudre. USAID en est un exemple, particulièrement visé par Donald Trump pour ce qu’il estime être des soutiens à des causes inappropriées. Une autre décision très attendue est celle sur les pouvoirs du président de licencier sans cause les responsables d’agences gouvernementales. Ceci lui est interdit depuis une décision datant de 1935, quand Franklin Roosevelt avait voulu licencier un responsable Républicain qu’il détestait. Il est évident que le périmètre du pouvoir présidentiel sortira renforcé de ce bras de fer, mais il serait exagéré d’en conclure à une dérive des Etats-Unis vers un régime autoritaire. Les institutions crées par les pères fondateurs de la constitution américaine font la preuve de leur résilience.

Enfin, il faudra suivre avec intérêt le procès intenté par l’université d’Harvard, qui conteste l’initiative du président de lui retirer ses financements fédéraux au motif qu’elle a laissé se développer une ambiance trop favorable aux actes antisémites et à la culture woke. La première audience a eu lieu à Boston début septembre et une décision a été rendue en faveur de l’université, bloquant l’initiative présidentielle, mais l’affaire est partie pour durer.


Le 28 septembre 2025.
Patrick Pagni.
Conseiller des Français de l’Étranger dans la circonscription consulaire de New York.

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