L’équipe de l’ASFE s’est entretenue avec Bruno Lopez, chef exécutif et restaurateur français installé depuis près de quarante ans aux États-Unis. De San Francisco à Los Angeles, en passant par Toronto et Dubaï, son parcours exceptionnel dans les plus grands hôtels de luxe illustre la réussite française à l’étranger. Avec sincérité et humilité, il nous livre son expérience outre-Atlantique, ses satisfactions, ses défis et ses conseils pour les Français souhaitant suivre une trajectoire similaire.
Qu’est-ce qui vous a poussé à tenter l’aventure américaine et qu’avez-vous ressenti à vos débuts ?
Plusieurs motivations m’ont poussé à partir. Mon envie de bouger vient de mon enfance : fils de militaire de carrière dans l’Armée de l’Air et de l’Espace, j’ai moi-même été déployé en Guyane française pendant mon service militaire en 1983-84. Travaillant pour Gérard Vié, un chef étoilé et consultant pour les hôtels Méridien, j’ai pu commencer mon aventure américaine à San Francisco en 1986.
Parmi toutes vos expériences professionnelles, quelle a été la plus marquante et pourquoi ?
Je pense que ce fut l’ouverture du Ritz-Carlton de San Francisco en 1991. Après mon apprentissage au Ritz à Paris, c’était le retour dans l’hôtellerie de luxe réputée, et une expérience exceptionnelle. Une équipe de direction motivée a permis à l’hôtel d’obtenir les prestigieuses 5 étoiles Mobil et 5 diamants AAA en seulement 18 mois.
La cuisine américaine vous a-t-elle influencé dans votre manière de cuisiner ?
La cuisine américaine est une véritable palette : latino-américaine, européenne, asiatique, et bien sûr américaine avec le BBQ, la cuisine créole, le Tex-Mex… Je suis arrivé en Californie alors que la cuisine californienne se développait : mouvement de cuisine légère, farm-to-table, produits locaux… Cela a fortement influencé ma carrière et ma façon de cuisiner.
Quel plat ou quelle création culinaire symbolise votre parcours aux États-Unis ?
J’en ai plusieurs : une Cobb Salad revisité au goût d’une femme d’un ancien président des États-Unis, un carpaccio de tomates avec son tartare de tomates rôties, une poêlée de Saint-Jacques aux lentilles du Puy et jus de poulet, ainsi qu’une poitrine de canard aux figues et gastrique au balsamique.
Avec le recul, quels conseils donneriez-vous à un Français qui souhaite réussir une carrière aux États-Unis ?
Bien comprendre la culture, les règles et le savoir-vivre, et ne pas comparer avec ce que l’on connaît en France. Et surtout… y croire ! On y arrive toujours.
Enfin, qu’est-ce que cette vie à l’étranger vous a apporté, tant sur le plan personnel que professionnel ?
Sur le plan personnel : j’ai rencontré mon épouse Hayedeh, avec qui je suis marié depuis 38 ans, et nous avons un fils, Patric, 29 ans, qui a grandi dans une culture américaine, française et iranienne.
Sur le plan professionnel : une belle carrière dans l’hôtellerie de luxe, reconnue par plusieurs distinctions : Académie Culinaire de France, Maîtres Cuisiniers de France, et Ordre du Mérite Agricole.
