En vérité, le pape est mort : ce sont les mots traditionnellement prononcés par le cardinal camerlingue, aujourd’hui l’Irlandais Kevin Farrell, pour attester de la mort du souverain pontife.
Très affaibli à la suite d’une bronchite contractée en mars, le Pape François est finalement décédé lundi, lendemain de Pâques, après avoir pu profiter une dernière fois de la foule amassée place Saint-Pierre pour célébrer la résurrection du Christ.
Le premier pape sud-américain de l’histoire
Premier pape non européen depuis le VIIIe siècle, Jorge Mario Bergoglio naît en 1936 à Buenos Aires, en Argentine. Après avoir décidé de devenir prêtre à 21 ans, il enseigne la littérature à Sante Fe et dans la capitale après le séminaire.
Il est nommé évêque auxiliaire par Jean-Paul II en 1992 puis cardinal en 2001. Il a déjà une excellente réputation parmi les fidèles lorsqu’il devient une figure importante de la vie politique et religieuse argentine lors de la crise économique de 2001.
Déjà pressenti pour prendre la suite de Jean-Paul II, c’est finalement Joseph Ratzinger qui lui est préféré et qui deviendra donc Benoît XVI en 2005.
Lorsque Bergoglio est finalement élu souverain pontife le 13 mars 2013, il est le premier à prendre le nom de Franciscus, en hommage à François d’Assise.
« Nous sommes tous des migrants »
Il dédiera une majeure partie de son pontificat à la défense des pauvres, au dialogue œcuménique et à la paix. Son premier déplacement officiel se fera d’ailleurs sur la petite île italienne de Lampedusa, située non loin des côtes tunisiennes, et considérée comme une porte d’entrée importante vers l’Europe pour de nombreux migrants.
« Dans ce monde de la mondialisation, nous sommes tombés dans la mondialisation de l’indifférence », avait-il alors dénoncé, rappelant le nombre important de migrants morts en mer, renversés de leurs bateaux, qui « au lieu d’être un chemin de l’espérance, ont été une route vers la mort ».
Il avait placé l’ouverture vers les immigrés au cœur de son programme pontifical et avait même organisé plusieurs déplacements sur ce thème, dont à Lesbos, en Grèce, ou encore à Ciudad Juárez, ville mexicaine proche de la frontière avec les États-Unis. « Nous sommes tous des migrants », avait affirmé le Pape François, lui-même descendant d’immigrés italiens.
La migration et l’exil font partie des thèmes sur lesquels il était longuement revenu dans sa troisième encyclique, Tutti fratelli (« Tous frères »), signée en octobre 2020, où il avait aussi dénoncé la spéculation financière, qui poursuit le « gain facile » et qui continue à « faire des ravages ». « Tout ne se résout pas avec la liberté de marché », avait-il martelé, rappelant inlassablement un message de fraternité. Un message qui lui vaudra le surnom de « pape des oubliés » ou « pape des laissés-pour-compte ».
Qui pour succéder à François ?
Le conclave devrait s’ouvrir courant mai pour l’élection d’un nouveau pape par les 135 cardinaux-électeurs. Y siègent cinq Français, dont Dominique Mamberti, diplomate de formation et actuellement préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille ou encore Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon.
Si plusieurs noms circulent déjà dans la presse, le futur chef du Vatican aura fort à faire pour réformer l’Église, aux prises avec des scandales de violences sexuelles qui ont éclaboussé tous ses prédécesseurs.
En attendant, c’est le camerlingue Kevin Farrell qui assurera par intérim l’administration du Saint-Siège pendant la sede vacante, avant que la fumée blanche ne sorte à nouveau de la basilique Saint-Pierre.