La situation est « intenable » et la France se trouve dans un « piège dangereux ». Le ton est alarmant, l’allure est grave, la mine est sérieuse : le contexte budgétaire de la France est catastrophique. C’est en tout cas le message qu’a voulu faire passer le Premier ministre, François Bayrou, à l’occasion d’une conférence de presse donnée mardi matin à la suite d’un « comité d’alerte du budget ».
Une « montagne de difficulté » et une situation budgétaire alarmante
Le but : informer les Français (et la représentation nationale) de la « montagne de difficulté » que notre pays affronte. « Rien ne serait possible sans le soutien [des Français]. Et leur soutien ne viendra que de leur pleine information », a expliqué François Bayrou.
Le message a-t-il été bien reçu ? En tout cas, le diagnostic était clair. « Nous n’avons pas assez de ressources parce que notre pays ne produit pas assez (…) ; nous dépensons trop par rapport à nos recettes », a avancé le Premier ministre devant un parterre de journalistes et de politiques.
Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a lui expliqué que la France allait devoir faire un effort de 40 milliards d’euros pour réduire notre déficit de 5,4 % en 2025 à 4,6 % en 2026. Ces économies s’ajoutent aux 50 milliards déjà consentis lors du budget voté en début d’année.
Des formules nébuleuses et aucune proposition concrète
Si le diagnostic est facile à comprendre, les solutions, elles, restent bien floues. Ni François Bayrou ni Éric Lombard n’ont voulu détailler les mesures qu’ils allaient prendre pour réduire le déficit public.
Mais le Premier ministre a tenu à rassurer les Français sur quelques priorités, en particulier notre indépendance en matière de défense, surtout dans le contexte actuel de désengagement des États-Unis, mais aussi le « refus du surendettement », « la refondation de l’action publique » ou encore la « vitalité économique de notre pays ».
Au-delà de ces formules quelque peu nébuleuses, pour ne pas dire incompréhensibles, on sait d’ores et déjà que l’effort portera essentiellement sur les dépenses. Pas question de renforcer les recettes, comme l’a confirmé le ministre de l’Économie : « nous ne souhaitons pas augmenter ni les impôts ni les charges des entreprises ». Il a d’ailleurs promis que l’effort serait partagé entre les collectivités territoriales, la Sécurité sociale et l’État.
De son côté, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a par exemple indiqué qu’un effort serait fait sur la « très grande dérive » des arrêts maladie.
Des coupes à prévoir pour les Français de l’étranger ?
Si personne ne peut remettre en cause la situation difficile que notre pays connaît sur le point budgétaire, ces non-annonces interrogent. Elles visent à préparer l’opinion publique, mais nos compatriotes ont le droit de savoir à quelle sauce ils vont être mangés et quelles dépenses vont faire l’objet de coupes.
Surtout, les débats sur le budget ayant déjà été très compliqués l’année dernière — avec un changement de Gouvernement en cours de route… —, on a du mal à imaginer que ces coupes budgétaires — avec ou sans « tronçonneuse » — se feront dans la joie et seront bien acceptées par les Français.
Nous avons aussi toutes les raisons de nous inquiéter pour les Français de l’étranger. Les crédits des programmes « Diplomatie culturelle et d’influence » et « Français de l’étranger et affaires consulaires » ont déjà subi des baisses importantes cette année (respectivement -70 millions d’euros et -11 millions d’euros par rapport à 2024).
Le discours de François Bayrou ce mardi nous fait croire que ces baisses se poursuivront en 2026. Reste à savoir, bien sûr, s’il sera encore à Matignon…
L’Équipe de l’ASFE