Chère lectrice, cher lecteur,
Nous avons passé un été très mouvementé à la suite de la décision prise par les autorités turques quant aux écoles françaises situées à Istanbul et à Ankara. Par une première lettre datée du 12 juillet, l’Ambassade de France a fait part aux parents d’élèves inscrits au Lycée Pierre Loti à Istanbul et au Lycée Charles de Gaulle à Ankara des difficultés rencontrées dans les négociations avec le Ministère de l’éducation nationale turque sur le statut juridique de ces deux écoles. Ainsi, les exigences des Turcs seraient bien trop importantes ! Ces établissements risquaient de ne plus pouvoir admettre d’élèves de nationalité turque (y compris les binationaux franco-turcs) dès la rentrée 2024-2025.
Puis, par une seconde lettre du 10 août, toujours de l’Ambassade de France, les mêmes parents d’élèves ont été en partie soulagés de savoir que les enfants de nationalité turque (y compris les binationaux franco-turcs) déjà scolarisés dans ces deux établissements pourraient continuer leur scolarité. Je dis « en partie » car même si les discussions menées cet été ont permis un assouplissement de la position des autorités turques, celles-ci ont exigé que les nouvelles inscriptions des enfants possédant la nationalité turque ne soient pas possibles. En d’autres termes, seuls les enfants turcs déjà scolarisés lors de l’année scolaire 2023-2024 ont pu faire leur rentrée. Aussi, les enfants concernés (turcs ou franco-turcs) de grande section de la maternelle n’ont pas été autorisés à intégrer le CP. C’est avec beaucoup de tristesse et d’émotion que nous avons appris cela. Personnellement, j’avais pour espoir que cette rentrée se fasse sans affectation particulière le temps d’aboutir à un réel accord.
L’Ambassade de France a, tant bien que mal, essayé d’accompagner toutes les familles concernées par ces mesures afin que leurs enfants puissent poursuivre leur scolarité soit dans un établissement rattaché au Ministère de l’éducation nationale turque, soit dans une école du réseau de l’AEFE (« Agence pour l’enseignement français à l’étranger) à l’étranger soit tout simplement en France.
Pour rappel et pour ceux qui ne le savent peut-être pas, le Lycée Pierre Loti ainsi que le Lycée Charles de Gaulle font partie du réseau de l’AEFE qui regroupe 580 établissements homologués dans le monde. Ils dépendent du Ministère de l’éducation nationale française et accueillent des élèves de la Maternelle jusqu’à la Terminale. Ces deux établissements n’ayant pas de statut juridique en Turquie, il s’agit d’une véritable épée de Damoclès qui menace leur existence d’où toute l’importance de ces négociations. Or la Turquie réclame une réciprocité, c’est-à-dire l’ouverture d’écoles turques étatiques en France.
Parmi les aménagements requis par les autorités turques, se trouve également le parcours turcophone obligatoire pour les ressortissants turcs. Il s’agira d’un parcours additionnel qui devra comprendre des cours de langue, de culture, de littérature et d’histoire géographie turques de 4 heures par semaine de la CE1 à la 3e et de 3 heures par semaine de la seconde à la terminale. Pour les autres ressortissants, ces cours seront facultatifs et non proposés à partir de la seconde. Aussi, la mise en place d’un tel parcours se fera par un groupe d’experts désignés par la Turquie et la France. Je sais que les discussions sont toujours en cours pour l’intégration de ces cours dans le programme.
Par ailleurs, le proviseur du Lycée Pierre Loti ainsi que la proviseure du Lycée Charles de Gaulle ont indiqué que l’ajout d’enseignements locaux était quelque chose que l’AEFE savait très bien faire dans la mesure où de tels programmes sont déjà insérés dans d’autres écoles du réseau AEFE comme en Espagne ou au Liban.
Sachez que la rentrée des classes a bien eu lieu la semaine dernière dans ces établissements tout comme en France mais avec un effectif un peu moins important.
Pour conclure, ces écoles françaises ont toute leur importance dans les relations bilatérales de ces deux pays. Ainsi que précisé à juste titre dans la lettre du 12 juillet, elles « contribuent à l’évidence au dynamisme du commerce bilatéral et des investissements français en Turquie ». J’espère que ces négociations aboutiront très rapidement à un accord permettant la pérennité des écoles françaises en Turquie. Dans tous les cas, le ministre de l’éducation nationale turc, Yusuf Tekin, semble optimiste quant à l’avancée des négociations puisqu’il déclarait récemment que dans un délai de 6 mois ils seront en phase de signature d’un accord international.
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