En convoquant les Français à des élections législatives après les européennes et la dissolution, le président de la République appelait les Français à un exercice de « clarification ». Le moins que l’on puisse dire est que les électeurs se sont déplacés en nombre dans les bureaux de vote, mais que la situation politique française a rarement été aussi compliquée. C’est un peu comme si la IVème République était entrée dans la Vème. Tout est réuni, faute d’une majorité absolue pour l’un des trois blocs qui structurent aujourd’hui la vie parlementaire, pour que s’ouvre une période d’instabilité gouvernementale.
Emmanuel Macron a devant lui plusieurs options. La première consisterait à choisir un Premier ministre parmi les forces du Nouveau Front populaire. Mais, arrivé en tête à l’issue du second tour des législatives, le NFP ne peut pas gouverner seul. Or il pose comme exigence – en tout cas pour le moment – l’application de son programme, et seulement de son programme : abrogation de la réforme des retraites, augmentation du Smic à 1600 euros, taxation des superprofits… Jamais il ne trouvera des alliés pour conduire pareille politique, au centre comme à droite.
La seconde option reviendrait, pour le chef de l’Etat, à tenter de trouver un premier ministre qui parvienne à réunir les 156 députés d’Ensemble (l’ancienne majorité présidentielle) avec une partie des députés LR et des députés socio-démocrates venus du Nouveau Front populaire. Cette hypothèse paraît s’éloigner car Laurent Wauquiez, qui vient de se faire élire dans le Puy-de-Dôme, a déjà fermé la porte à semblable alliance. De plus, faire cohabiter dans une même majorité, voire au gouvernement, des élus de sensibilités différentes qui, hier, s’affrontaient paraît très improbable.
En l’absence de solution pour former un gouvernement qui ne s’exposerait pas à une motion de censure immédiate au Palais Bourbon, la troisième option pourrait être de choisir un premier ministre issu de la société civile : haut fonctionnaire, chef d’entreprise, personnalité respectée du monde diplomatique ou universitaire… Des exemples récents ont été donnés par l’Italie avec Mario Monti et Mario Draghi. Sauf que la France n’est pas l’Italie. Dans ce cas de figure, seule la gestion des affaires courantes, à l’exclusion de toutes réformes de fond, serait sans doute possible en attendant une prochaine dissolution dans un an.
En plein cœur de l’été, alors que les Jeux olympiques approchent à grands pas, les jours et les semaines à venir s’annoncent passionnantes sur le front politique. Néanmoins rien ne dit qu’une formule « gouvernable » soit rapidement trouvée… L’ASFE va interrompre – comme tous les ans pour la période des congés – ses publications pour quelques semaines. Nous vous souhaitons, à tous, une très bonne fête nationale, et un bel été !
L’équipe ASFE