Emmanuel Macron a tranché : un projet de loi sera prochainement discuté sur la fin de vie. Ni euthanasie, ni suicide assisté, la formule retenue par le chef de l’Etat sera « l’aide à mourir ». Expression moins brutale, mais qui définit aussi un mode opératoire plus contrôlé. Seul le patient, qui devra être majeur, atteint d’une maladie incurable et capable de discernement plein et entier, pourra formuler la demande afin de s’injecter une substance létale. Une équipe médicale jugera de sa recevabilité et, en cas d’avis favorable, donnera une prescription de trois mois. Si le patient n’est pas en mesure de s’injecter le produit, un médecin ou un proche pourra le faire à sa place. Une rétractation sera toujours possible, à tout moment. « Avec ce texte, on regarde la mort en face », a déclaré le président de la République, comme pour souligner qu’il tenait sa promesse d’intervenir sur ce terrain sensible.
Beaucoup d’observateurs ont accueilli la décision présidentielle avec réticence. Les professionnels de santé notamment, car nombre d’entre eux estiment qu’ils sont là pour sauver des vies et non pour donner la mort. Cela va de soi, ils bénéficieront toujours d’une clause de conscience qui les autorisera à se retirer d’un protocole qu’ils refusent d’exercer. Il fallait s’y attendre, les représentants de toutes les religions révélées – catholiques, protestants, juifs et musulmans – sont farouchement contre ce projet de réforme. Enfin, une partie des Français pense qu’il serait préférable d’en rester à la loi Claeys-Leonetti de 2005, sur les soins palliatifs. Méconnu et mal appliqué, ce texte devrait trouver un nouveau développement, car le chef de l’Etat veut que les 21 départements non dotés d’unités de soins palliatifs – elles sont très coûteuses – le soient à l’avenir.
Sur un registre plus politique, d’autres observateurs jugent que la proposition présidentielle intervient pour détourner l’attention des Français de leurs difficultés, à quelques semaines des élections européennes. Celle-ci devrait être examinée fin mai à l’Assemblée nationale et sans doute après l’été au Sénat. Suscitera-t-elle de vifs débats ? Peut-être, mais les sondages montrent aujourd’hui qu’une très grande majorité de la population, toutes sensibilités confondues, est favorable à l’avancée proposée par Emmanuel Macron. La multiplication des pathologies incurables, comme la maladie de Charcot, qui touchent aujourd’hui de nombreuses familles et qui ont rencontré un fort écho médiatique n’est évidemment pas étranger à la forte adhésion de l’opinion publique…
L’équipe de l’ASFE