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Qu’est-ce que « l’attalisme » ?

Attendu au tournant de sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal a décliné son plan d’action pendant une heure et demie devant des députés pour le moins chahuteurs. L’exercice n’était pas simple, d’autant qu’Emmanuel Macron s’était lui-même longuement exprimé le 16 janvier et que la colère des agriculteurs est venue percuter l’agenda du nouveau premier ministre. Les annonces de Gabriel Attal ont été tellement nombreuses que l’ensemble du propos a pu paraître manquer d’unité ou de cohérence.

En fait, le locataire de Matignon ne pouvait dévoiler aucune réforme d’ampleur ou dégainer un vaste plan, ambitieux et audacieux, comme le fit jadis Jacques Chaban Delmas avec la « Nouvelle société ».

Faute de pouvoir s’appuyer sur une majorité absolue pour approuver pareille initiative, il ne pouvait qu’égrener une série de mesures ne nécessitant pas le recours systématique à la loi. L’accent a donc été mis sur des décisions qui sont en prise directe avec la vie quotidienne des Français. Moins de taxes, moins de bureaucratie, plus d’autorité et des services publics plus performants : tels ont été les grands axes de son intervention. Avec toujours l’objectif de faciliter la vie des gens. Son action consistera, selon ses mots et ses formules, à « débureaucratiser » et « déverrouiller » la France à « tous les échelons », pour « laisser vivre et respirer » les Français afin qu’ils « gardent le contrôle » de leur vie dans un pays où il garantit « la fin de l’impunité ».

Dans une esquisse de « l’attalisme », comme l’a relevé « Le Figaro », on retrouve la préoccupation pour les classes moyennes, déjà évoquée par le premier ministre lors de sa prise de fonction à l’hôtel de Matignon, en présence de la sortante Elisabeth Borne. En s’adressant aux « Français de l’entre-deux » qui « ont parfois l’impression de vivre dans une France archipel », clin d’œil à l’ouvrage du sondeur Jérôme Fourquet, de l’Ifop, ayant théorisé les fractures de l’unité nationale, Gabriel Attal entend intéresser ceux qui sont tentés par le vote en faveur du Rassemblement national, à quelques mois des élections européennes. Ce sillon, il le laboure depuis son passage à Bercy lorsqu’il était chargé des comptes publics. Il promet désormais de « désmicardiser la France » sans en préciser les modalités.

À l’extérieur du Palais Bourbon, les agriculteurs attendaient, bien sûr, des mesures en leur faveur. Ils ont surtout compris que l’exécutif souhaitait mettre un terme à « l’écologie sans le peuple »porte ouverte aux « crises sociales » et à la création d’un « fardeau de normes ». Promesse qui devra se traduire au jour le jour et qui n’éteindra pas la colère paysanne. Mais de celle-ci nous reparlerons car le bras de fer avec les autorités françaises et européennes n’est pas terminé.

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