Raisons de son départ pour Chicago, sa vie de Français de l’étranger, les principales difficultés à surmonter dans l’expatriation aux Etats-Unis, … Témoignage de Habib Moudachirou, Chief Investment Officer installé à Chicago (Illinois).
Quelles étaient les raisons de votre départ de la France ?
Je suis parti de France en 2005 lorsque j’ai eu l’opportunité professionnelle de venir à New York en expatriation, envoyé par mon entreprise. La mission était de monter le bureau de gestion quantitative en finance à New York, d’où l’on allait rayonner pour couvrir toutes les Amériques, du Canada au Brésil, en passant par les Etats-Unis bien sûr. Bien que faisant partie d’un grand groupe, la mission avait un caractère très entrepreneurial car tout était à construire, et nous partions de zéro.
Comment vivez-vous votre expatriation ?
L’expatriation, prévue au départ pour deux à trois ans, a finalement duré 6 ans. L’apprivoisement d’une nouvelle culture, des nuances et différences culturelles, et des recettes pour réussir aux États Unis. Nous avons eu du succès à partir du moment où nous avons commencé à bien comprendre que le marché était complètement différent de l’Europe. J’ai tellement bien vécu l’expatriation que lorsqu’il s’agissait de repartir ou de la poursuivre ailleurs, j’ai préféré rester à New York et intégrer par la suite une entreprise américaine.
Quelles ont été vos principales difficultés dans cette vie d’expatrié français ?
Dans l’optique de conquête d’un nouveau marché, trois principaux points me reviennent comme ayant été des difficultés:
– changer de mentalité et rentrer dans la peau d’un challenger dans le marché américain, à l’opposé de celle de leader de marché à laquelle j’étais accoutumé en Europe ou en Asie ;
– apprendre à aller droit au but dans les présentations; à l’inverse des Français, les Américains préfèrent passer directement à la conclusion , puis les détails et developments;
– la confusion de ‘friendliness’ et ‘friendship’; l’illusion est grande pour un français fraîchement débarqué et non averti de prendre la relative amabilité des Américains et les compliments au superlatif, l’amitié instantanée ou encore de prendre au sérieux tout de suite une volonté affichée de faire du business ensemble.
Que faites-vous actuellement aux Etats-Unis en tant que Français de l’étranger ?
Après quinze ans à New York et Wall Street, j’ai décidé de me lancer et de co-fonder en 2020 ma société de gestion. Elle est basée à Chicago et gère des portefeuilles financiers pour le compte de clients institutionnels (fonds de pension, fondations, universités, hôpitaux, bureaux de gestion de patrimoine, etc.).
C’est une firme globale avec des bureaux de représentation en Suède et en Australie. Nous nous spécialisons sur des thèmes innovants qui permettent de s’adapter aux changements macroéconomiques.
J’en suis le Chief Investment Officer, directeur général en charge des investissements et de la recherche.
Si vous deviez dresser un bilan de votre expatriation, comment serait-il ?
Après trois années d’existence, dont une année à honorer les diverses clauses de non concurrence liées à nos rôles précédents, mon entreprise connaît une croissance fulgurante. Nous avons construit une marque reconnue, une excellente réputation sur le marché, et une plateforme opérationnelle efficiente. La prochaine étape consiste à passer à l’échelle.