C’est une conférence internationale sur le climat très particulière, dite COP28 (conference of the parties, en anglais), qui s’est ouverte cette semaine à Dubaï et qui devrait s’achever le 12 décembre. Pour trois raisons au moins.
D’abord, c’est la première fois qu’un pape devait s’y rendre. Attendu le 2 décembre à Dubaï, François ne le sera finalement qu’en visioconférence car son état de santé l’oblige à rester au Vatican. Reste que le souverain pontife entend jouer de son prestige pour faire avancer la cause de la défense de l’environnement et celle des pays pauvres dans ce contexte. Agé de 86 ans, il a fait de ces deux sujets les piliers de son pontificat.
Chef spirituel de quelque 1,3 milliard de catholiques, dont plus de la moitié vit dans des pays en développement, il insiste depuis longtemps sur le lien qui existe entre le changement climatique et la pauvreté. Ce sont effectivement les populations les plus marginalisées qui payent le prix fort du réchauffement de la planète. A ce titre, François a publié, en 2015, l’encyclique «Laudato si» (Loué sois-tu), manifeste de 200 pages pour une écologie intégrale qui avait déclenché un vaste débat mondial. Quelques mois plus tard, un accord avait été conclu à la COP de Paris, où les pays s’étaient engagés à limiter le réchauffement à +2 degrés Celsius par rapport à l’époque préindustrielle. Le message papal suscitera-t-il le même effet cette année, à Dubaï ?
La deuxième raison de cette singularité tient au choix du pays d’accueil et à celui de l’homme pour présider cette COP28 sur le climat. Car Sultan Al Jaber est aussi le patron de la compagnie pétrolière émiratie ADNOC. Certaines voix lui reprochent d’utiliser ce sommet pour conclure de nouveaux contrats dans les énergies fossiles. « Si ces accusations sont vraies, c’est totalement inacceptable et un véritable scandale », a réagi Greenpeace dans un communiqué. Kaisa Kosonen, coordinatrice de l’ONG, ajoute que le sommet devrait « se concentrer sur des solutions climatiques de manière impartiale, pas sur des marchés d’arrière-plan qui alimentent la crise ». Au-delà, l’image de Dubaï, cité artificielle et symbole de l’opulence n’était peut-être pas le lieu le plus adapté à un rendez-vous qui prône la sobriété.
Dernière originalité de cette édition : le record de participants, avec plus de 70.000 personnes et 197 Etats. Lesquels devront partager plusieurs objectifs d’ici à 2030 sur le front de la transition énergétique : tripler la capacité des renouvelables dans le monde, doubler l’amélioration de l’efficacité énergétique, doubler la production d’hydrogène… Ces engagements n’auront pas la même valeur d’obligation que le texte officiel qui devra être adopté au bout de deux semaines : la bataille oppose ceux qui souhaitent se contenter d’un bilan, montrant que les efforts fournis sont insuffisants, à ceux qui voudraient y insérer un appel à réduire les énergies fossiles. Au cœur de la discussion, l’argent sera évidemment l’arbitre majeur.
L’équipe de l’ASFE