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Sommet de Paris : une rencontre à multiples enjeux

C’est à l’initiative du Président Macron que plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement se retrouvent ce jeudi à Paris, pour un sommet inédit, dédié à la solidarité internationale et à la recherche d’un nouveau pacte financier international. Au Palais Brongniart, en plein cœur de Paris, siègent ensemble le premier ministre chinois, les présidents du Brésil, d’Afrique du Sud ou d’Egypte, le prince héritier d’Arabie Saoudite, le chancelier allemand, la secrétaire au Trésor américain et la présidente de la commission européenne.

Les pays du sud sont très représentés tout comme les pays insulaires, la première ministre des Barbades, Mia Mottley, jouant même un rôle éminent dans ce rendez-vous car son Etat est particulièrement exposé au désordre climatique. Les patrons des grandes institutions internationales sont aussi de la partie : Ajay Banga, nouveau président de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, et Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. Sans oublier la société civile – ONG, fondations, philanthropes –, les grands fonds souverains qui organisent en parallèle leur sommet, et le secteur privé, gestionnaires d’actifs et banques d’investissement…

« Désormais, la bataille contre la pauvreté, la décarbonation de notre économie et la lutte pour la biodiversité sont très liées », avait affirmé Emmanuel Macron fin avril, en référence à ce sommet, dont l’idée a germé à la COP27 à Charm-el-Cheikh, en novembre. L’objectif est donc de dépoussiérer l’architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944, avec la création du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, et de le faire vite. Les besoins sont immenses: un groupe d’experts indépendants sur le financement de la lutte contre le changement climatique, créé sous l’égide des Nations unies, a estimé l’an dernier que les pays en développement autres que la Chine devront dépenser plus de 2000 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour répondre à la crise du climat et de la biodiversité. Le compte est loin d’y être.

L’Elysée entend donner un « élan politique » à l’idée d’une taxe internationale sur les émissions de carbone de l’industrie du transport maritime, à deux semaines d’une réunion cruciale de l’Organisation maritime internationale (OMI). D’autres sujets occupent les échanges, de l’idée de la suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle, à une potentielle taxation internationale sur les transactions financières, véritable Arlésienne depuis des décennies, qui a donc peu de chances d’avancer. Les banques de développement, bailleurs de fonds de l’Amérique latine à l’Afrique sub-saharienne, sont appelées à prêter davantage, quelques mois après l’annonce de la mobilisation de 50 milliards de dollars sur dix ans par la Banque mondiale.

Dans l’esprit du chef de l’Etat français, c’est aussi l’occasion de se poser en médiateur en pleine guerre russo-ukrainienne. Et de tenter de faire en sorte que le front anti-occidental des pays qui ont voté contre la résolution des Nations unis condamnant l’opération de Poutine, ou qui se sont abstenus, en restent là, voire reviennent à des sentiments plus apaisés. Comme nombre de responsables américains et européens, Emmanuel Macron ne veut pas que se constitue un « Sud global » aligné derrière Pékin. La Chine multiplie actuellement les contacts en Asie, au Moyen Orient et Afrique pour rallier à elle des partenaires dans sa confrontation contre Washington.

Le XXIème siècle sera celui de la course poursuite entre Washington et Pékin.

L’équipe de l’ASFE

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