Inscrit à l’agenda prioritaire du président de la République pour son second mandat, la transition écologique est difficile à mettre en œuvre. S’il est de bon ton d’en faire une urgence incontournable dans les discours, quand il s’agit de passer à l’acte, c’est autre chose. Concilier croissance et économie verte n’est pas une équation évidente, surtout à l’heure où l’inflation s’invite dans le paysage. Or, la défense de l’environnement et la lutte contre la pollution coûtent cher.
La semaine dernière, quelques feuilles d’arbres à la main, la première ministre a tenu, alors qu’elle visitait une forêt de Côte-d’Or, à rassurer ses partenaires européens et les associations sur les engagements de la France sur ce front. Les récents propos d’Emmanuel Macron, qui demandait un moratoire sur les futures décisions communautaires en la matière, avaient suscité d’importants remous. Pour lui, il ne faut plus ajouter de normes environnementales après l’application du Pacte vert de l’Union européenne – autrement qualifié de « Green deal » – afin de ne pas décourager les investisseurs.
« Ce que nous souhaitons, c’est qu’on aille au bout de tous les règlements qui sont prévus en application du Green Deal, a rappelé Elisabeth Borne. Donc, on travaille activement, notamment sur un règlement important, le règlement sur la restauration de la nature » qui traite de la biodiversité. « Et je peux vous assurer que la France est très moteur, a-t-elle ajouté. Elle l’a été, et elle va le rester, sur un texte qui fait effectivement l’objet de beaucoup de débats » au Parlement européen.
L’essentiel du plan climat européen – qui vise un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 – a été adopté : réforme du marché carbone, taxe carbone aux frontières, fin des ventes de voitures à moteur thermique… Les négociations patinent néanmoins pour d’autres textes clefs de ce Pacte, sur la biodiversité, les pesticides ou les émissions polluantes des élevages, qui inquiètent les agriculteurs. Nul doute que le débat va s’intensifier à l’approche des élections européennes du printemps 2024, scrutin généralement très favorable aux formations écologistes.
La France, elle, entend bâtir sa stratégie sur trois axes qui seront présentés dans le détail d’ici à l’été. D’abord en réduisant l’usage des pesticides et en luttant contre l’artificialisation des sols. Ensuite, en plantant un milliard d’arbres d’ici à 2030. Enfin en sensibilisant tout le monde à la nécessité de cette politique : des « aires éducatives » gérées par des écoliers passeront de 1.000 à 18.000 en 2030 et le nombre de jeunes en service civique environnement sera multiplié par dix.
Des mesures ambitieuses, mais dont l’application demandera un véritable engagement.
L’équipe de l’ASFE