Le traditionnel défilé du 1er Mai passé, une nouvelle phase s’ouvre en France sur les fronts social et politique. Le pouvoir exécutif veut croire que cette Fête du travail fut le baroud d’honneur des syndicats, toujours unis après plus de trois mois de contestation de la réforme des retraites. De leur côté, les centrales syndicales vont, il est vrai, peut-être peiner à rester rassemblées alors que le gouvernement leur tend la main pour entamer des négociations sur les conditions de travail. Les réformistes, comme la CFDT et la CFTC, devraient accepter ce geste et ne pas entrer dans un bras de fer, comme risque de le faire la CGT, désormais conduite par Sophie Binet, prenant la suite de Philippe Martinez.
Le front syndical lézardé, la crise sociale serait-elle pour autant terminée ? Certainement pas car le climat dans le pays reste tendu. Et cette tension dépasse la seule contestation du passage à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite. La société française est atteinte par la peur du lendemain où se mêlent la crainte d’une inflation qui réduise considérablement le pouvoir d’achat, l’incertitude qui entoure la guerre en Ukraine avec la menace du recours à des armes nucléaires tactiques et, enfin, la défiance vis-à-vis d’un personnel politique dont la capacité à apporter des solutions et à prendre en considération les besoins de la population est mise en doute. Les violences qui émaillent les manifestations et la radicalité des propos tenus dans les débats traduisent cette forte tension sociale dont on ne sait jamais où elle peut conduire.
La personnalité du chef de l’Etat attire notamment beaucoup de critiques. Ce fut certes déjà le cas de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, mais ils n’avaient pu faire, ni l’un ni l’autre, un second mandat. La particularité d’Emmanuel Macron est qu’il a été largement réélu il y a un an. Les quatre ans qu’il lui reste à effectuer ne s’annoncent donc pas sous les auspices les plus faciles. Il doit trouver un second souffle pour apaiser un pays dont les sondages disent qu’il ne l’écoute plus. Il s’est récemment donné cent jours pour renouer avec les Français. Pourra- t-il tenir ce pari ? La liste des chantiers qu’il veut ouvrir – école, système de santé, transition écologique, réindustrialisation, immigration, conditions de travail – est tellement vaste et ambitieuse que l’opération demandera beaucoup plus de temps. Nous en reparlerons…
L’équipe de l’ASFE