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Crise en Haïti : nous sommes tous concernés.

Chère lectrice, cher lecteur,

En ce jour du 24 Avril 2023, je me permets de vous interpeller pour partager avec vous la situation dramatique qui se déroule en Haïti d’un point de vue sécuritaire, tant pour la sécurité des vies et des biens que pour la sécurité alimentaire.

Les ressortissants français qui ont choisi de s’établir en Haïti ou qui y ont été envoyés pour raison professionnelle assistent à une dégradation tragique des fibres de la société Haïtienne et de la Nation Haïtienne. Le week-end écoulé, des centaines de personnes sont décédées et des milliers ont dû quitter leur quartier pour sauver leur vie au cours des derniers mois. La Police Nationale Haïtienne, PNH, dans la mesure de ses moyens a semé le deuil dans le camp des gangs armés mais ces derniers n’ont été que plus violent dans leur riposte, brûlant et tuant sur leur passage ; comme c’est le cas à chaque fois que la PNH les font reculer.

Pour une mise en contexte, vous n’êtes pas sans savoir qu’Haïti n’a plus de président élu depuis le 7 juillet 2021 et que cette nation est ballotée dans une transition qui n’arrive pas à sortir de terre et qui aux yeux du citoyen lambda semble s’enfoncer. Toujours pas de conseil électoral, donc encore moins de calendrier électoral pour espérer de rétablir la Chambre des députés et le Sénat. D’accord politique en accord civil, aucune des parties ne semble pouvoir/vouloir tenir sa part du contrat tant qu’on n’aura pas éliminé la gangrène des gangs armés, fédérés ou non, qui ont sous leur contrôle plus de 80% de la métropole de Port-au-Prince et ces environs. Nous avons aussi en cause une communication peu efficace entre les dirigeants nommés, l’opposition politique et le Haut Conseil de Transition (HTC) auprès de la population qui est désemparée, terrorisée et sans recours réel pour espérer une vie meilleure en Haïti.

Une chose qui semble rallier l’opinion publique haïtienne et l’opinion de la communauté française est que cette situation ne peut plus durer. Les entreprises françaises et haïtiennes sont impactées négativement ; les ressources et les investissement français et haïtien sont touchés qu’il s’agisse de PME ou de grandes entreprises. Tous, Haïtien comme Français sont perdants. Les problèmes n’ont pas de préjugés, mais il est clair que la situation est plus difficile pour certain que d’autres.

Depuis quelques semaines nous avons vu dans la presse et les médias télévisés français des articles et reportages relatant la domination des gangs sur la population qui vit dans la peur et dont une grande partie ne miroite qu’une issue, partir pour l’étranger… Et nous regardons périr une jeunesse, des ainés qui n’ont jamais vécu une telle situation. Nous nous sentons touchés mais pas concernés…

Je dis NON ! Nous sommes tous concerné, l’histoire d’Haïti et de la France est liée pour toujours et j’irais jusqu’à dire que Haïti est une fille rebelle de la France. On ne regarde pas ses enfants mourir sans rien essayer. On les traite en adulte et avec franchise. Je suis retournée vivre en Haïti alors que j’aurai pu m’établir ailleurs, en France ou en Belgique. Cela fait 25 ans que je vis en Haïti et je souhaiterai y rester car j’aime ce pays, j’aime mon travail ; il me permet de faire une différence positive dans la vie de quelques personnes, partageant les valeurs que j’ai reçu à travers mon éducation française et haïtienne aussi car Haïti est aussi mon pays pour tant de raison.

Aujourd’hui 24 avril 2023 ; la PNH a sorti beaucoup de moyens et la population exaspérée leur a prêté main forte en confrontant les bandits au risque de leur vie ; allant jusqu’à les lyncher et tuer sur place. Œil pour œil et dent pour dent ; cela à un relent de guerre civile si rien n’est fait pour contenir la riposte des gangs. Je ne suis pas dans les rouages et les secrets de la politique étrangère de la France mais le ressenti de la communauté Française est que Haïti n’est pas haut placé à l’agenda et que les demandes de renfort à la Police Nationale d’Haïti en moyen – logistique et formation sont coincées quelque part dans les couloirs de la Diplomatie Internationale. Pardonnez ma passion mais en tant qu’humaniste, que ce soit le Soudan, l’Ukraine ou Haïti tous, tous ont le droit à la paix et le droit au bonheur. Ces deux droits fondamentaux qui peuvent être atteint grâce à l’éducation, au travail, au respect des gens et des biens à travers l’application des lois – au retour de la vie sociale et communautaire. Et non dans un climat de stress, d’anxiété et de terreur.

Haïti peut changer mais elle a besoin de votre aide. La situation se dégrade cependant, les évènements récents témoignent une fois de plus d’une demande générale pour le rétablissement de l’ordre et de la sécurité, pour un retour à la vie.

Je vous invite par la présente à vous intéresser à ce qui se passe à Haïti. Et si par bonheur vous avez une quelconque capacité d’influence, je vous demande de prendre en considération ce que je vous ai relaté plus haut pour donner un coup de projecteur à cette dramatique situation.

Avec mes remerciements anticipés,

Christelle Chignard Paul

Christelle Chignard Paul
Conseillère des Français de l’étranger en Haïti
christelle_p18 @yahoo.fr

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