La réforme des retraites est passée, mais rien n’est réglé, serait-on tenté de dire. Certains estiment que la France traverse une triple crise. Sociale, car le dialogue est rompu entre le pouvoir exécutif, d’une part, les syndicats et une partie de l’opinion, d’autre part. Politique, car le climat est tellement dégradé qu’Emmanuel Macron dispose d’une très faible marge de manœuvre pour conduire le pays, ainsi que d’une majorité très relative. Démocratique, car l’autorité « verticale » du chef de l’Etat est de plus en plus mal perçue par un pays qui souhaiterait être mieux associé aux prises de décision.
C’est dans ce contexte que le président de la République s’est exprimé, lundi soir, à la télévision. Quelque 15 millions de téléspectateurs l’ont suivi. Il a fixé un objectif de cent jours pour relancer sa politique de réformes tous azimuts. C’est le 14 juillet qu’il souhaite faire le point sur la feuille de route qu’il a confiée à Elisabeth Borne. Ce temps paraît très court et, dans l’éventualité où la première ministre ne parviendrait pas à ses fins, on se demande bien quelle serait la sanction. Un changement de locataire à Matignon avec remaniement du gouvernement ? Une dissolution de l’Assemblée nationale ? La première hypothèse paraît plus plausible que la seconde.
En attendant, l’action du gouvernement est attendue sur trois fronts. D’abord sur un « pacte de la vie au travail ». Il doit être construit dans les mois qui viennent – d’ici à la fin de l’année – par le dialogue social. Les négociations, selon le chef de l’Etat, doivent porter sur la nécessité d’améliorer les salaires, les conditions de travail, de mieux partager les richesses et de trouver des solutions à l’usure professionnelle. Sur l’immigration, la justice et délinquance ensuite, par l’embauche de 10 000 magistrats et membres des forces de l’ordre. Des annonces fortes, dès le mois de mai, contre la délinquance et les fraudes sociales et fiscales sont prévues. La restauration des services publics est le troisième axe, avec l’objectif, notamment, de désengorger les urgences et de faire de notre système éducatif l’un des meilleures d’Europe. « Dès la rentrée, notre école va changer à vue d’œil », assure le président de la République.
Ce programme ne sera pas réalisé en cent jours, c’est une certitude. Néanmoins, le but sera atteint si un élan est insufflé au pays grâce à lui. Et celui-ci dépend en grande partie du président de la République dont la popularité n’est pas au mieux de sa forme. La suite de son deuxième mandat est en jeu.
L’équipe de l’ASFE