La visite d’État d’Emmanuel Macron en Chine a eu lieu du 5 au 7 avril 2023. L’occasion pour l’ASFE de revenir sur les enjeux de ce déplacement par l’intermédiaire de David Bassir, Conseiller des Français de l’étranger en Chine.
Le chef de l’État français s’est entretenu à plusieurs reprises avec son homologue chinois. Quels sont les principaux points à retenir de ces échanges ?
Du point de vue unanime des Chinois, la rencontre est vue comme étant un succès. Pour la partie chinoise et en dehors des signatures commerciales, on a pu constater un fort désir de faire découvrir au président français les bases de la culture traditionnelle chinoise. Cette dernière visite du président Macron en Chine a été plus chaleureuse que celle d’avant. Il faudra signaler que notre président est un des premiers hommes d’Etat occidental à visiter la Chine après l’ouverture post Covid.
Notre président a aussi rappelé le besoin de l’Europe d’avoir une autonomie stratégique indépendante et souveraine.
La visite d’Emmanuel Macron a attiré également de nombreux entrepreneurs. Est-ce que ce déplacement a été profitable d’un point de vue économique et commercial ?
En effet, d’un point de vue économique et commercial, la séance « signature » donne l’image d’une importante coopération avec des partenariats qui s’inscrivent dans la durée.
Un partenariat culturel entre la Cité interdite et le château de Versailles a également été conclu dans l’objectif d’organiser une exposition dans la capitale chinoise l’année prochaine. Comment se porte la culture française en Chine ? Comment est-elle perçue ?
Sur le plan culturel, on retiendra l’inauguration du festival « Croisements » qui devrait ouvrir la porte à de nombreuses coopérations dans le domaine artistique. On retiendra aussi la volonté affichée et entendue d’accueillir de plus en plus d’étudiants chinois en France.
Outre les sujets économiques, culturels et commerciaux, celui de la diplomatie a également été abordé et très attendu. Emmanuel Macron a-t-il réussi à apaiser les esprits sur les dossiers ukrainiens et taiwanais ?
Sur le plan diplomatique, les réactions en France et en Chine diffèrent. En France, il était attendu un positionnement plus offensif sur les questions de l’Ukraine et de Taiwan, alors qu’en Chine seule la volonté de parvenir à des négociations en vue de la paix a été retenue. En France, il était attendu du président français un engagement affirmé aux côtés de Taiwan et en Chine c’est un silence poli quant à cette question qui peut être relevé dans la presse chinoise.
Cette rencontre entre le Président français et le Président chinois devrait être celle qui inaugure l’état d’esprit dans lequel vont se préparer les cérémonies qui marqueront l’an prochain le 60ème anniversaire des relations franco-chinoises.
Le Président français a-t-il profité de ce voyage pour accorder quelques mots à la communauté française résidant en Chine ?
Le Président français a rencontré une partie de la communauté française à Pékin au sein de la résidence de France. Il était accompagné de plusieurs ministres et conseillers. Il a salué le courage et la résilience de la communauté française en France durant la période Covid 19. Le nombre de la communauté Française a été divisé par deux et ne compte plus que 22 000 Français.
La totalité de son discours est partagé sur le site de l’Élysée.
Avez-vous autre chose à rajouter ?
- Dans la circonscription du Chine du Sud, suite au retour de nombreuses familles en France, des écoles françaises font actuellement face à des difficultés sérieuses et ont besoin de soutien aussi bien au niveau financier qu’au niveau du recrutement d’enseignants qualifiés. La situation en Chine est particulière car uniquement les enfants étrangers ont le droit de s’inscrire ;
- Le choix du morceau de Guzheng joué à l’attention du président Macron n’est pas anodin. Composé à l’époque des royaumes combattants, son titre « haute montagne et eau coulante » est devenu jusqu’aujourd’hui la métaphore de l’amitié. Alors que son compositeur Bo Ya jouait ce morceau s’inspirant de la vue des hautes montagnes et de la rivière au bord de laquelle il était assis, un bûcheron nommé Zi Qi émerveillé s’écria que les sons lui faisaient penser à de hautes montagnes et à des eaux coulantes. D’où le titre du morceau. Bo Ya et Zi Qi passèrent la nuit à échanger sur l’art du guqing. Au matin, Bo Ya reprit sa route promettant au bûcheron de se revoir l’année suivante. L’automne suivant, Bo Ya revint sur ce même lieu et apprit que Zi Qi était mort quelques mois plus tôt. Sur sa tombe, Bo Ya joua une dernière fois ce morceau puis détruisit son Guzheng et cessa dès lors toute composition.
- Afin d’encourager le retour des Français en Chine il est important qu’il y ait plus de vol direct à des prix raisonnables.
- L’annonce, d’augmenter le nombre d’étudiants chinois en France se heurte malheureusement à une méfiance à tous les niveaux. Il est primordial de rétablir la confiance et de s’ouvrir à une collaboration franco-chinoise gagnante-gagnante et équilibrée.