La contestation est à l’ordre du jour en Occident. En France, la réforme des retraites n’en finit pas de mettre les gens dans la rue, lors de manifestations qui prennent un tour de plus en plus violent au moment des dispersions. En Allemagne, pays pourtant réputé pour la qualité de son dialogue social, un mouvement de grève massif a paralysé les déplacements cette semaine, les syndicats faisant monter la pression pour obtenir des hausses de salaire face à une forte inflation. Enfin, en Israël, la pression contre la réforme de la justice voulue par le gouvernement Nétanyahou ne faiblit pas depuis le mois de janvier.
Pendant que les démocraties connaissent un début d’année pour le moins agité, les « démocratures » ou les régimes autoritaires s’organisent pour constituer un front anti occidental. La visite en grande pompe de trois jours du président chinois à Moscou, la semaine dernière, a mis en lumière une alliance naissante. Vladimir Poutine et Xi Jinping sont parvenus à un accord sur le gigantesque projet de gazoduc Force de Sibérie 2, symbole de la volonté de Moscou de réorienter son économie vers l’Asie face aux sanctions internationales.
Ces dernières décennies, Pékin a déployé son influence économique de l’Asie à l’Afrique, dans ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le « Sud global ». La Chine avance ses pions et se pose de plus en plus en contrepoids des Etats-Unis, défiant Washington pour le leadership mondial. Xi Jinping a accentué la présence militaire de son empire de façon spectaculaire : base à Djibouti, installations navales en mer de Chine méridionale, déploiements de sécurité à petite échelle dans les îles Salomon… Pour montrer qu’elle est une grande puissance diplomatique, la Chine a aussi présenté un plan de paix pour l’Ukraine et amorcé une détente entre les grands rivaux que sont l’Iran et l’Arabie saoudite.
De son côté, le président russe a affirmé, le 20 mars dernier, accorder sa « priorité » aux relations avec les pays africains. « Je tiens à souligner que notre pays a toujours accordé et continuera d’accorder la priorité à la coopération avec les Etats africains », a déclaré Vladimir Poutine. « Notre pays est déterminé à poursuivre la construction d’un partenariat stratégique au plein sens du terme avec nos amis africains, et nous sommes prêts à façonner ensemble l’agenda mondial », a- t-il poursuivi, estimant que la Russie, comme l’Afrique, « défendent les valeurs morales traditionnelles » en « résistant à l’idéologie néocoloniale imposée de l’étranger ».
Rappelons que de nombreux Etats africains n’ont pas condamné, aux Nations unies, l’intervention militaire russe en Ukraine. En échange, la Russie multiplie les initiatives sur le continent noir, visant à se poser comme une alternative aux anciennes puissances coloniales. Elle y a signé de nombreux partenariats économiques et militaires et le groupe paramilitaire russe Wagner s’est implanté dans plusieurs pays, notamment en Centrafrique. Le prochain sommet Russie-Afrique, le deuxième du genre après celui de Sotchi en 2019, doit se tenir du 26 au 29 juillet à Saint-Pétersbourg.
Une ambiance de nouvelle guerre froide, entre l’Occident, d’un côté, et le bloc du « Sud global » autour de Pékin et Moscou, de l’autre, est en train de monter…
L’équipe de l’ASFE