Plus d’une semaine après les deux séismes qui ont secoué la Turquie et la Syrie, les familles continuent de pleurer leurs morts et de chercher d’éventuels survivants. Le bilan – qui se compte en dizaines de milliers de victimes – est loin d’être définitif. Il est, dans tous les cas, catastrophique, tant le nombre de vies brisées est difficile à concevoir.
Le lieu de cette tragédie est tout aussi préoccupant. « La région frontalière syro-turque, selon le politologue Gilles Kepel – éditorialiste pour le site américain Al-Monitor – est aujourd’hui l’un des pires foyers de tensions géopolitiques, un épicentre dont les lignes de faille se prolongent à travers l’ensemble du Moyen-Orient et vers l’Europe. Elle constitue un seuil par lequel passèrent, vers l’est, des milliers de djihadistes européens rejoignant le « califat » de Daech à la fin de la décennie 2010, et par où transitent aujourd’hui, vers l’ouest et l’Europe, des millions de migrants présents et à venir, originaires d’une vaste zone qui s’étend jusqu’au sous-continent indien.»
En Syrie, dans un contexte de guerre civile particulièrement violent entre le régime de Damas et les groupes islamistes, le travail des équipes de secours est particulièrement difficile, voire dangereux. D’autant que cette région du monde est sous le coup des sanctions des pays occidentaux en butte aux méthodes du président Bachar el-Assad.
De l’autre côté de la frontière, en Turquie, la polémique bat son plein contre ceux tenus pour responsables des conséquences de la tragédie qui endeuille le pays. La colère gronde contre les mafias du bâtiment. Elle est relayée par la presse et les réseaux sociaux, obligeant les autorités à réagir vite : les arrestations et mandats d’arrêt pleuvent. Des promoteurs véreux, qui n’ont pas respecté les normes antisismiques en vigueur, sont interpellés, voire écroués. Certains tentent de fuir. Quelques 110 opérateurs seraient toujours recherchés, selon le ministre turc de la Justice.
Pour le Président turc, ces tremblements de terre tombent au plus mauvais moment, alors que des élections présidentielle et législatives doivent avoir lieu le 14 mai prochain. La semaine dernière, le chef de l’État turc a reconnu des « lacunes ». Mais il n’a pas manqué de couper court aux critiques, en prévenant : « L’heure des comptes viendra ! » Il tentait ainsi de repousser les critiques de ses adversaires, comme le maire d’Istanbul ou le chef du principal parti d’opposition (CHP), Kemal Kiliçdaroglu. Le verdict des urnes est plus que jamais à suivre…
L’équipe de l’ASFE