Site icon ASFE

Tchéquie : « l’Europe comme mission »

Tchéquie

Tchéquie

Vassili Le Moigne, Conseiller des Français pour la Tchéquie revient sur le bilan de la présidence du Conseil de l’Union européenne par la Tchéquie qui a pris fin en décembre 2022 et sur la récente élection de Petr Pavel à la tête du pays.

Avec le slogan « L’Europe comme une mission » quelles étaient les priorités de Prague pour l’Union européenne ces six derniers mois ?

En dehors du but de la présidence et donc du management de l’agenda de l’Union européenne, la Tchéquie avait deux buts principaux.

Le premier est de redresser l’image de la Tchéquie au sein de l’Union européenne après des années de controverses causées par le gouvernement dirigé par le Premier ministre Babiš empêtré dans des histoires de conflits d’intérêts et de détournement de fonds européens. De plus, le président Zeman, comme Klaus avant lui était anti-Union européenne et très proche de la Chine et la Russie avec même des soupçons de corruption.

Le deuxième but était de fédérer l’Union européenne autour du sujet de l’Ukraine et de la guerre faite par la Russie ainsi que des réfugiés que cette guerre a générés.

Comment celles-ci ont elles été affectées par le conflit russo-ukrainien ?

Les six mois de la présidence tchèque ont été totalement bouleversés par la guerre de la Russie en Ukraine. La Tchéquie avait avant la guerre une grosse minorité ukrainienne. Avec la guerre, le nombre d’Ukrainiens a été multiplié par 6 et cette migration / intégration a été bien gérée ce qui a donné à la présidence une légitimité bien utile au sein de l’Union européenne.

Quel bilan peut tirer la Tchéquie et l’Union européenne de sa présidence ?

Globalement, c’est un succès. La transition de la présidence de la France à la Tchéquie a été bien préparée, l’agenda européen a avancé sans heurts, le soutien à l’Ukraine a été unifié sous la présidence tchèque et le sommet européen désiré par le président Macron et organisé au château de Prague a couronné ce travail perçu comme solide et sérieux. L’image du pays a donc changé et rien que ceci est un gros succès. 

La Tchéquie a aussi élu mi-janvier son nouveau président de la République Petr Pavel. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur son parcours en Tchéquie ?

Après des années de clivage, d’ingérences chinoises et russes dans la vie politique et économique du pays, la Tchéquie avait besoin d’unité et de calme. Le nouveau président Pavel, un général à la retraite aux airs de Tomáš Masaryk (le président de référence de l’âge d’or de la Tchéquie au XXème siècle) apporte ce dont le pays a besoin : il est indépendant, a une approche sereine et de coopération avec l’UE. C’est aussi un diplomate, parlant l’anglais et le français couramment (j’ai notamment eu l’occasion de le tester) tout en n’hésitant pas à exprimer ses opinions sur les droits de l’Homme. Ayant travaillé à l’OTAN et général de carrière, il apporte ainsi ce côté militaire de carrière calmant avec une guerre à 250 kilomètres de la Tchéquie. 

Quel rôle joue-t-il au sein de la République parlementaire en Tchéquie ?

En théorie, c’est un rôle cérémonial et moral mais de fait, le précédent Président Zeman a montré que ce rôle peut aussi être de nuisance. En effet, le président signe les nominations des juges, des ministres et les lois qui ne peuvent être légales sans son paraphe. Le président Zeman a souvent refusé de signer sans échange de valeur, dépassant ainsi le côté cérémoniel du rôle et devant tout à fait politique ce à quoi le pays n’était pas préparé. 

Quels sont les enjeux de cette élection pour le pays ?

Principalement, remettre le pays sur la voie du dialogue, de la coopération en Europe, et de donner au pays une vision morale similaire à celle de l’Union européenne. 

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Mon fils a 21 ans et a connu 20 ans de présidents anti européens, pro russes, qui avançaient à reculons au sein de l’Union européenne. Avec ce nouveau président, il va pouvoir vivre dans un pays européen non part intérêt économique égoïste mais par vision d’être partie d’une Europe passionnante. C’est un futur qui le fait rêver et lui donne envie d’y contribuer. 

Quitter la version mobile