La visite d’Etat d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis, la semaine dernière, sera-t-elle suivie d’effets positifs pour la France ? Il est évidemment trop tôt pour répondre, mais si l’on s’en tient aux symboles, elle fut un franc succès. Le bilan « est très bon », a souligné le chef de l’Etat avant de revenir à Paris. « On a lancé des feuilles de route très ambitieuses », a-t-il ajouté.
D’abord, elle a permis au président français et à Joe Biden d’afficher leur unité de vue sur la guerre en Ukraine. Le soutien à Volodymyr Zelensky est total. Ils ont néanmoins fixé le cap d’une issue négociée, certes au moment et aux conditions arrêtés par les Ukrainiens, c’est-à-dire avec la restitution de la Crimée dont ni les Français et ni les Américains n’ont jamais reconnu l’annexion par Moscou.
Joe Biden a publiquement salué les efforts de son homologue français pour maintenir une ligne de communication avec Vladimir Poutine. Il s’est même dit prêt à discuter lui aussi avec le président russe, « le jour où il voudra mettre fin à la guerre en retirant ses troupes ». La Maison-Blanche s’est empressée de préciser le lendemain qu’on n’en était pas là
.Cette visite fut également l’occasion pour Emmanuel Macron, à l’occasion d’un détour par la Nouvelle-Orléans, ancienne possession française, de montrer son intérêt pour la défense de la francophonie. Peut-être plus encore qu’il ne l’avait récemment fait à Djerba pendant le sommet de l’Organisation française de la francophonie. Celle-ci n’est pas suffisamment mise à l’honneur depuis trop longtemps. La France devrait davantage s’inspirer de ce que fait la Grande Bretagne avec le Commonwealth.
Mais c’est évidemment sur le front économique et la loi anti inflation (Inflation Reduction Act) de l’Administration Biden qu’Emmanuel Macron était le plus attendu. Il devait plaider la cause des Européens contre les tentations protectionnistes américaines, susceptibles de provoquer de graves distorsions de concurrence entre les deux rives de l’Atlantique si Washington subventionne massivement ses industries de transition énergétique.
« Je pense que le fait de pouvoir en parler librement, avec beaucoup de respect et d’engagement de part et d’autre, et trouver une solution qui soit bonne pour les Américains comme pour les Européens, en particulier les Français pour créer des emplois chez nous, c’est une vraie avancée », a soutenu Emmanuel Macron.
Le président français a obtenu la promesse américaine d’examiner comment des « réglages » dans l’application de la loi anti inflation pourraient permettre d’épargner à l’Europe ses conséquences néfastes. « Nous n’avons jamais eu l’intention de pénaliser nos alliés », lui a dit Joe Biden, qui ne s’est toutefois pas « excusé » d’investir quelque 360 milliards de dollars dans son économie. Une révision de la loi est hors de question, a fortiori avec une majorité républicaine sur le point de prendre le contrôle de la Chambre des représentants, mais une « task force » euro-américaine sera chargée des discussions techniques pour apporter des améliorations favorables aux Européens.
L’équipe de l’ASFE