Accueillie avec soulagement il y a neuf ans au Mali, l’armée française est aujourd’hui violemment rejetée par une partie de la population sahélienne. Tout le monde se souvient de l’appel au secours du président Ibrahim Boubacar Keïta pour protéger sa capitale, Bamako, de la fulgurante avancée des djihadistes depuis le nord du pays. L’année 2013 a marqué le véritable lancement de l’opération Barkhane – précédemment appelée Serval – dans cette partie de l’Afrique. Forte de quelque 5000 hommes, elle s’étendra peu à peu à cinq pays : de la Mauritanie au Tchad, en passant par le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Une décennie plus tard, ce sont des manifestations hostiles, anti françaises, qui se développent dans toute la région. Nos soldats ont quitté le Mali et sont devenus des cibles de la population civile ici ou là au Sahel. Ces jours derniers, ce sont l’ambassade de France à Ouagadougou et l’Institut de France à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso, qui ont été assiégés par des foules en colère. La donne a complétement changé. Pourquoi ?
Des coups d’Etat sont intervenus au Mali et au Burkina Faso, par deux fois dans chacun de ces deux pays, portant au pouvoir des militaires opposés à la présence française sur leur sol. Au discours dénonçant le néocolonialisme s’ajoutent des accusations en incompétence de l’armée française à assurer la sécurité, voire à s’en prendre volontairement aux civils.
Cette ambiance délétère est largement entretenue par la milice Wagner, bras armé de Vladimir Poutine en Afrique. Cette bande de mercenaires ne cesse d’attiser la haine anti française pour des raisons aisément imaginables, à l’heure de l’invasion de l’Ukraine par les Russes que condamne fermement Paris. Comptant plusieurs centaines d’hommes, notamment en Centrafrique et au Mali, elle est financée par Evgueni Prigojine, individu peu fréquentable au passé délinquant devenu immensément riche et ami du maître du Kremlin. Aussi longtemps que le pouvoir russe restera entre les mains de ce dernier et que durera la guerre en Ukraine, Moscou saisira toutes les occasions pour salir la réputation de la France au Sahel.
Le redéploiement de la force Barkhane depuis son départ du Mali s’opère à présent depuis le Niger et le Tchad. Avec la volonté et l’objectif que les pays du golfe de Guinée, notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin, soient préservés de la contagion djihadiste. Il y va de la stabilité de l’Afrique de l’Ouest, mais aussi des intérêts de tous les défenseurs de la liberté, africains comme européens, face à des pays comme la Chine, la Turquie ou la Russie qui ont des ambitions bien différentes…
L’équipe de l’ASFE