Après la Suède, c’est donc l’Italie qui vient de se donner une majorité politique où figure en bonne place l’extrême droite. À Stockholm, les Démocrates de Suède (SD), parti aux origines néonazies, se sont récemment imposés comme la deuxième force politique, moteur de l’alternance après huit ans de pouvoir social-démocrate. A Rome, comme prévu, Georgia Meloni va donc succéder au très classique Mario Draghi, après son écrasant succès aux élections législatives de dimanche. A 45 ans seulement, elle va prendre la tête d’un gouvernement de coalition. Son parti, Frères d’Italie, arbore la flamme tricolore du fascisme mussolinien. Faut-il pour autant en déduire qu’un tsunami néofasciste est en train de déferler sur l’Europe ? Les élus concernés s’en défendent. Et il serait effectivement plus juste de parler d’une vague populiste et nationaliste. Celle-ci touche tous les pays du vieux continent.
A l’est de l’Europe, bien sûr, où le parti Droit et Justice siège depuis longtemps au pouvoir en Pologne, tout comme Viktor Orban, en Hongrie. A Varsovie et Budapest, après des décennies passées sous le joug de l’Union soviétique, existe une volonté farouche d’interdire à l’Union européenne un droit de regard sur leurs législations. A l’Ouest, la France voit le Rassemblement national de Marine Le Pen progresser de scrutin en scrutin. La Grande-Bretagne, quant à elle, a manifesté, d’une certaine manière aussi, une colère anti establishment en décidant le Brexit, il y a quelques années. En Espagne, le parti Vox progresse.
Tout comme Marine Le Pen en France, Georgia Meloni, ex-fan revendiquée de Mussolini et dont la devise est « Dieu, patrie, famille », a réussi à dédiaboliser sa formation. C’est pourtant d’Eric Zemmour qu’elle semble la plus proche, tous deux ayant un discours très ferme sur la nécessité de défendre l’identité européenne. La future présidente du conseil italien a su, de plus, catalyser sur son nom les mécontentements et frustrations de ses compatriotes en ces temps difficiles, où les peuples subissent de plein fouet crise sur crise. Après la pandémie, les craintes sont grandes partout de voir l’inflation et les pénuries en énergie appauvrir les nations.
Dans ce contexte, les règles budgétaires européennes – comme le pacte de stabilité qui limite à 3% du PIB le déficit public – font l’objet de vives critiques. Pour autant l’époque où la sortie de l’Union européenne était une constante des partis populistes paraît révolue. A « l’Europe dégage » s’est substitué le slogan « l’Europe, oui, mais autrement ». Certes, sauf que pour changer le fonctionnement communautaire, un vote à l’unanimité des 27 Etats-membres est requis : c’est dire si toute évolution radicale s’annonce difficile…
L’équipe de l’ASFE