La Sénatrice Evelyne Renaud-Garabedian s’est rendue en voyage officiel à Djibouti du 17 au 20 mai. Retour sur ce déplacement et ses rencontres.
Quelle était la raison de votre déplacement à Djibouti ?
Cela fait plusieurs années que Vincent Sadèque, Conseiller des Français de Djibouti et président du Conseil consulaire, nous invitait instamment à nous rendre à Djibouti. Il s’agissait donc avant tout de répondre à cet engagement. Et avec Sophie Briante Guillemont nous n’avons pas été déçues du voyage !
Qui avez-vous rencontré ?
Sur la séquence organisée par l’Ambassade de France – dont je tiens à remercier l’ensemble des équipes qui ont été mobilisées pour cette visite – nous avons rencontré le Ministre des Affaires étrangères djiboutien, le Ministre des Finances, le Ministre de l’Enseignement supérieur, le Président de l’Assemblée nationale, le Président du groupe d’amitié Djibouti – France… Il est intéressant de noter qu’il n’y a pas de Sénat à Djibouti, le système est monocaméral, même si son existence est bien inscrite dans la Constitution.
Ces échanges nous ont permis d’avoir un état des lieux des relations diplomatiques entre la France et Djibouti, sur lesquels les parlementaires des deux pays peuvent avoir leur influence. Plus les liens personnels et professionnels seront nombreux, plus notre connaissance mutuelle s’en verra enrichie et notre relation renforcée. La République de Djibouti a pris son indépendance de la France en 1977. Il s’agit donc d’une relation particulière à laquelle il faut faire très attention.
Nous avons pu observer la qualité de notre coopération, notamment en matière de sécurité, en visitant une école de formation franco-djiboutienne créée en 2019 – l’initiative de nos présidents respectifs – où des officiers de police judiciaire de toute la région sont formés en français aux techniques de recherche les plus avancées.
Sur la séquence avec la communauté française, nous avons rencontré – grâce à Vincent – les entrepreneurs français à Djibouti, les grands groupes qui se sont développés ou qui sont présents sur place. Certains Français sont installés à Djibouti depuis des décennies. C’est le cas de la famille Marill, qui est présente depuis la fin du 19ème siècle. Nous avons également rencontré de petits entrepreneurs. Par exemple ce boulanger, Laurent Taylor, qui en reconversion de l’armée s’est installé à Djibouti, a développé une activité de boulanger et pâtissier français et fait des produits absolument formidables et de qualité (dans un pays où tout est importé et la température avoisine les 50°C).
Qu’avez-vous retenu de votre déplacement ?
J’ai avant tout retenu ma méconnaissance, avant ce déplacement, de Djibouti et des enjeux liés à ce pays. Il s’agit du seul territoire stable dans une région – tout en bas de la mer Rouge – en proie aux plus grandes crises : le grand voisin Éthiopien, le Soudan, le Yémen, la Somalie, l’Érythrée… La stabilité de Djibouti est absolument extraordinaire.
Il faut savoir qu’il s’agit du seul endroit au monde où 6 pays ont une base militaire : les Etats-Unis, la Chine, la France, l’Espagne, le Japon, l’Italie. Djibouti est donc un laboratoire de coopération et de concurrence militaire très intéressant. Je remercie les Forces Françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) pour toutes leurs explications et leurs démonstrations. Le Général Dupont, qui commande la base de Djibouti, rayonne en réalité sur toute la région et les FFDJ peuvent se mobiliser en une heure de temps. Nous sommes par ailleurs liés par un traité de coopération avec Djibouti (la France intervient en cas de besoin), qui doit être renouvelé l’an prochain.
Quelles sont les particularités de la communauté française à Djibouti ?
Il y a un peu plus de 4000 ressortissants français à Djibouti, dont un tiers de binationaux. Lorsque Djibouti obtient son indépendance en 1977, les Djiboutiens ont eu un an pour opter pour la nationalité française. 1500 militaires français sont stationnés à Djibouti. Notre particularité réside dans le fait que nos militaires s’installent avec leur famille, contrairement aux autres pays. Je retiens qu’il faut faire beaucoup plus pour le travail du conjoint suivant.
Comment se porte la francophonie à Djibouti ?
Le français est encore enseigné à l’école, mais je crois comprendre que la langue française perd du terrain face à l’Arabe. D’où l’importance des missions de l’Institut français de Djibouti et de Campus France. Les élites djiboutiennes continuent à réaliser leurs études supérieures en France et c’est d’ailleurs très surprenant à voir, car cela crée des communautés (entre ceux qui ont étudié à Poitiers ou à Angers). Djibouti est le seul pays francophone de cette zone. C’est une richesse pour la France qui ne doit pas être négligée.
Le Français est majoritairement la langue de l’enseignement à Djibouti, aussi bien dans les établissements publics que privés et le pays s’ouvre naturellement sur d’autres langues.
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Je reviens avec la conviction profonde que Djibouti – ses enjeux, ce que ce pays représente, sa francophonie – n’est pas assez connue de nos compatriotes et qu’il est de notre devoir de participer à faire en sorte que ce pays obtienne davantage de visibilité. Il faut absolument renforcer son attractivité. C’est important pour Djibouti mis aussi pour la France et nos communautés françaises. Par exemple, le lycée français manque de professeurs.
Je souhaite remercier chacun de nos interlocuteurs pour la qualité de l’accueil qui nous a été réservé, aussi bien de la part des autorités françaises, des autorités djiboutiennes, que des Conseillers des Français de Djibouti qui ont été absolument formidables. J’adresse mes remerciements les plus appuyés à M. Arnaud Guillois, Ambassadeur de France, qui m’a accompagné en permanence. J’ai rarement observé un diplomate aussi passionné et engagé avec ses interlocuteurs et je ne peux que le féliciter pour son travail au service de nos intérêts à Djibouti. Nous remercions enfin Vincent Sadèque et Eva Pardina pour leur gentillesse et leur engagement quotidien au service des Français de Djibouti. Ils savent pouvoir compter sur nous.