Dans la newsletter ASFE Espagne, retrouvez notre chronique « L’Histoire de… » qui vous fera voyager au coeur des liens historiques entre la France et l’Espagne chaque mois. Ce mois-ci, c’est entre l’Alhambra à Grenade et la Sainte Chapelle que nous vous emmenons.
#Episode 1 : L’Histoire de… la Pomme de la discorde
Les 10 siècles que couvre le Moyen-Âge, de la chute de l’Empire Romain à la découverte des Amériques par Christophe Colomb en 1492, sont marqués à la fois par la domination du Pape, seul pouvoir s’imposant sur le continent, mais aussi par l’obsession de reconstruire un empire égal à celui déchu, de Rome.
Le point culminant de cette ambition est atteint par l’empereur Charlemagne qui bénéficie au IXème siècle de l’appui de sa sainteté Léon III. On verra cependant ce pouvoir de plus en plus contesté et l’époque d’une ère théocratique s’achever pour plusieurs raisons.
En effet, les différents monarques au cours du XIVème siècle n’auront de cesse que de se libérer du joug de l’église afin d’asseoir leur pouvoir. L’exemple le plus caractéristique est celui de Philippe Le Bel au XIVème siècle, monarque capétien à la tête de l’Etat le plus peuplé d’Europe, qui s’empare du trésor des Templiers et qui du même coup, se libère de cette puissante armée au service du pape Boniface VIII.
L’Espagne, en tant que pays, naît au XVème siècle par l’union des couronnes de Castille et d’Aragon et de l’absorption du royaume de Grenade en 1492. La reine Isabelle la Catholique, avec son époux Ferdinand roi d’Aragon, sont conseillés par le célèbre Tomas de Torquemada, grand inquisiteur. Cette monarchie catholique se distingue du mouvement sus-décrit et fait de la religion catholique une doctrine soudant la nation espagnole et légitimant la lutte contre les musulmans et les juifs. La fin de la Reconquista qui a débuté au VIIIème siècle s’inscrit donc à contre courant du mouvement de libération des monarchies européennes vis-à-vis de l’Eglise.
Cette spécificité propre au rôle de l’Eglise catholique en Espagne a un lien direct avec le divorce entre la Papauté et les royaumes de France et d’Angleterre. Longtemps la France, fille ainée de l’Eglise joua le rôle d’arbitre dans les conflits entre monarchies. Louis IX plus communément appelé Saint-Louis mena un règne inspiré des valeurs du christianisme et fit construire la Sainte Chapelle en 1242. A cette époque l’Espagne n’a pas la même confiance de la part du pape car son territoire est divisé entre Al-Andalus, les territoires espagnoles sous domination musulmane, et l’Hispania chrétienne. La naissance de l’Espagne en tant que pays est aussi celle de l’allié le plus fidèle de l’église catholique qui a perdu de son influence sur le reste de l’Europe.
Charle Quint, né à Gand en 1500, hérite en 1520, par son père Philippe le Beau, des possessions de la maison de Habsbourg (royaumes de Hongrie, de Bohème, Archiduché d’Autriche etc…et des 17 provinces des Pays-Bas, de la Franche Comté entre autres ) et par sa mère Jeanne 1ère de Castille, des royaumes de Castille et d’Aragon. Ainsi ce grand monarque gouverne un réel empire au delà de l’Espagne. Certes son territoire est plus réduit que celui de Rome et de Charlemagne mais renoue tout de même avec le rêve de la reconstitution d’un empire. Par ailleurs, comme au Moyen-Âge, Charles Quint avec le pape Clément VII se fait le champion de la chrétienté contre l’expansion de l’Empire ottoman mené par Soliman le Magnifique, dans les Balkans et en Méditerranée.
Son règne marque la naissance des relations conflictuelles entre les royaumes de France et d’Espagne, entre Charles Quint et François 1er à partir de 1521 et ce, pour plus de trente ans.
Gilles Servanton