Alors qu’approche l’élection présidentielle, le chef de l’Etat est aux prises avec les affaires du monde. Nul ne peut douter qu’il sera candidat à sa réélection. Ses futurs adversaires lui reprochent donc de prendre prétexte des urgences de politique étrangère pour dévoiler ses intentions le plus tard possible. Cette critique vaut ce qu’elle vaut, elle appelle deux remarques.
D’abord, les deux dossiers chauds que sont l’Ukraine et le Sahel ne seront certainement pas réglés d’ici au scrutin du mois d’avril ; autrement dit, Emmanuel Macron devra de toute manière se manifester avant le 4 mars, date de clôture des candidatures.
Ensuite, l’expérience montre que les sujets de politique étrangère n’entrent guère en ligne de compte dans une élection, sauf à ce qu’ils deviennent des boulets pour le président de la République, ses opposants ne pouvant être jugés sur pièce. Cela posé, quels sont les enjeux pour la France des crises ukrainienne et sahélienne ? Les deux ne sont pas du même ordre.
Dans le cadre de la première, la France se retrouve en situation de médiatrice entre Vladimir Poutine, d’une part, et Joe Biden et les responsables ukrainiens, d’autre part. En qualité de président pour six mois du conseil de l’Union européenne, Emmanuel Macron est l’homme qui peut faire baisser la température pour promettre au maître du Kremlin que jamais l’Ukraine ne ralliera l’Otan ou l’Union européenne. Moscou a toujours voulu contrôler son « étranger proche » et il lui serait intolérable de le voir s’éloigner de sa zone d’influence.
Les Américains tiennent un discours volontiers belliqueux et pessimiste, mais la majorité des experts estiment qu’un envahissement de l’Ukraine par l’armée russe est peu probable. Vladimir Poutine sait faire monter la pression, mais il sait aussi jusqu’où il peut aller pour obtenir satisfaction.
Tout autre est la crise sahélienne, notamment avec le Mali, où la France est jugée de plus en plus indésirable. Ici, au cœur de l’Afrique de l’ouest, notre pays est en première ligne pour des raisons historiques évidentes qui tiennent à notre passé colonial. Emmanuel Macron ne peut donc tourner les talons en abandonnant cette région « infestée » de djihadistes aux mercenaires russes du groupe Wagner qui sont à la solde de Moscou. L’honneur et la sécurité de la France sont en jeu. Le chef de l’Etat est donc dans l’obligation de trouver une solution au maintien de notre présence, qui devra être nécessairement reformatée et reconsidérée dans ses objectifs. L’affaire prendra du temps, beaucoup de temps. En attendant, tout départ du Sahel serait interprété par beaucoup comme un échec. C’est dire si ce front sud est, pour Paris, est plus déterminant que le front est…
L’équipe de l’ASFE