A quatre mois de l’élection présidentielle, le paysage politique français commence à se préciser. Les forces en présence sont quasiment toutes connues. Reste au chef de l’Etat sortant à se manifester, mais sa candidature à une réélection paraît plus que probable. Traditionnellement, le sortant se déclare toujours en janvier ou février, quelques semaines seulement avant le scrutin qui, en 2022, se tiendra exclusivement en avril, les législatives intervenant 45 jours plus tard.
Quelques réflexions s’imposent en vue de cette élection suprême.
D’abord, jamais dans l’histoire de la Vème République, la gauche n’est apparue aussi faible. Elle compte beaucoup de candidats, mais à eux tous, ils ne pèsent qu’environ 25% des intentions de vote. Jean-Luc Mélenchon est le mieux placé, mais peine à flirter avec les 10%. Derrière, arrivent Yannick Jadot pour Europe Ecologie – Les Verts, Anne Hidalgo pour le PS, Arnaud Montebourg, qui revendique l’héritage de Jean-Pierre Chevènement, et deux candidats d’extrême gauche, comme d’habitude. Face à l’échec annoncé, la maire de Paris a avancé l’idée d’une primaire ouverte pour rassembler la gauche derrière un projet et un candidat commun. Proposition aussitôt rejetée par presque l’ensemble des candidats de ce bord. Les raisons de l’érosion du vote de gauche sont multiples. Quelques-unes dominent néanmoins. L’éclatement de l’offre n’explique pas tout. L’absence d’une incarnation forte semble un handicap majeur à l’heure où Jean-Luc Mélenchon, pour sa troisième tentative, paraît moins percutant. Le déficit d’idées nouvelles et originales est également visible.
Conséquence de cette chute d’un côté de l’échiquier politique, c’est l’autre qui en profite. La présidentielle à venir, c’est presque une certitude, risque fort de se jouer à droite. Avec trois offres différentes, comme si les trois droites théorisées par le grand politologue René Rémond en son temps étaient plus que jamais d’actualité : la droite libérale, orléaniste, incarnée par Emmanuel Macron, même si ce dernier se réclame d’un axe central « et de gauche et de droite » ; la droite bonapartiste, nationaliste, représentée par Marine Le Pen et Eric Zemmour ; et, enfin, la droite classique, gaulliste, qui a désormais sa championne en la personne de Valérie Pécresse. Seules deux de ses trois droites se retrouveront, en principe, en finale et nul ne peut dire dès aujourd’hui quelles seront-elles ?
Personne ne peut également affirmer sur quels thèmes se jouera ce scrutin. Les sujets régaliens (immigration et sécurité) et économiques (pouvoir d’achat, temps de travail) devraient occuper les débats à égal intérêt. Néanmoins, la persistance de la pandémie pourrait bouleverser la donne. A suivre de très près…
L’équipe de l’ASFE