Mercredi 27 Octobre, lors d’une cérémonie au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Emmanuel Macron a présidé la cérémonie de restitution de 26 oeuvres d’art, constituant les trésors royaux d’Abomey au Bénin. Il s’agit de la première restitution d’oeuvres pillées durant la période coloniale par la France sur le territoire africain, annoncée par le Président à la suite de son discours de 2017 à l’Université de Ouagadougou.
Arsène Atindehou, Conseiller des Français de l’étranger au Bénin, a accepté de s’entretenir avec l’équipe de l’ASFE quelques jours après la cérémonie à Paris.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Arsène Atindehou et suis franco-béninois. J’ai 35 ans, j’exerce comme agronome et j’œuvre pour une agro-écologie et une alimentation durable, peu importe le territoire.
Quelles sont ces œuvres d’art qui seront restitués au Bénin d’ici 2022 par la France ?
Il s’agit d’œuvres qu’un général français, le Général Dodds, a rapporté à Paris après le pillage et l’incendie de la cour du Roi Béhanzin à Abomey en 1892. On compte 26 pièces faisant partie du « Trésor de Béhanzin » composé notamment des grandes statues royales, d’un trône royal de style Yoruba, des portes du palais du Roi Glélé, du trône du Roi Ghézo, d’autels portatifs, de bâtons de danse guerrière, de pièces de textiles et d’autres objets comme un métier à tisser.
Ce sont des trésors pour le Bénin d’une haute valeur identitaire et culturelle pour notre pays et pour notre peuple.
Quels sont les objectifs de cette restitution et dans quel cadre est-elle rendue possible ? Quels critères doivent être réunis pour pouvoir bénéficier de cette procédure ?
La loi du 24 décembre 2020 relative à la restitution des biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal fait exception au principe d’inalinéabilité des collections publiques françaises, le transfert d’œuvres et la sortie des collections nationales et permet le retour vers leur pays d’origine d’œuvres culturelles prises pendant la colonisation en Afrique. Il s’agit de la traduction législative du discours de Ouagadougou en 2017, relatif à la construction d’une nouvelle relation franco-africaine et de la restitution des œuvres d’art africaines de manière temporaires ou définitives.
Où seront accueillies ces œuvres d’art au Bénin ? Seront-elles visibles rapidement ?
D’après nos sources, elles seront normalement réceptionnées à la Présidence, puis seront présentées à Ouidah au Fort portugais en attendant que le Musée d’Abomey soit prêt, normalement en 2024.
En quoi cette décision est-elle importante pour l’histoire africaine, béninoise mais aussi française ?
Selon moi, il s’agit d’une volonté bilatérale de créer une relation plus équitable et durable. C’est certainement une porte qui s’ouvre pour toute l’Afrique et c’est très positif. Cela me semble essentiel que l’Afrique soit maîtresse d’elle-même et des objets dont elle est la créatrice. A nous maintenant de veiller sur nos biens, pas pour montrer que nous en sommes capables, mais pour prendre soin de nous-mêmes et de nos enfants. Si nous voulons savoir qui nous sommes, nous devons connaître notre histoire, et savoir la transmettre.