Mercredi dernier, Angela Merkel a rendu une visite d’adieu à la France et à Emmanuel Macron, le quatrième président de la République française avec qui elle a travaillé. Tout un symbole ! Celui de sa longévité au pouvoir d’abord pour celle qui est arrivée à la tête de son pays en 2005. Celui du couple franco-allemand ensuite sans la solidité duquel tout le monde s’accorde à dire que l’Union européenne ne peut survivre. Celui enfin de la reconnaissance que notre pays et son chef d’Etat ont décidé de lui accorder en lui remettant la Grand-Croix de la Légion d’honneur, distinction la plus élevée de l’ordre national.
Que restera-t-il de la Chancelière en France ?
Angela Merkel incarne, comme personne, le moment historique de la réunification allemande. Jeune fille, née et élevée derrière le rideau de fer, elle a mis ses pas dans ceux d’Helmut Kohl, l’homme fort de l’Ouest pour lui succéder quelques années plus tard. Certes, c’est à ce dernier, conservateur comme elle, et au socialiste Gerhard Schröder que le pays réuni doit les réformes qui font rayonner son économie sur la scène internationale depuis, mais Angela Merkel a su préserver l’héritage.
L’autre image que retiendront les Français, c’est celle précisément d’une femme d’une grande solidité et constance. Solidité confinant parfois à une rigidité – toute germanique, diront certains -, comme son attitude a pu être ainsi interprétée lors de la crise financière des années 2008 – 2012. La Grèce lui en a tenu rigueur, mais la France en a aussi fait l’expérience, elle dont le niveau de dette publique n’a jamais été exemplaire. Quant à la constance, elle l’a montrée lors de la crise des migrants, en 2015. L’accueil de plus d’un million de réfugiés du Moyen Orient, assez vite mal vécu par ses compatriotes, aurait pu signer son départ précipité du pouvoir. Angela Merkel a tenu bon, en dépit des critiques, et n’a jamais regretté sa main tendue – et inattendue à l’époque – envers les Syriens et Irakiens. Il est vrai que le vieillissement de la population allemande l’a incité à conduire cette politique migratoire.
Il convient enfin, vu de France, de saluer les conditions de son départ. Des élections ont eu lieu qui n’ont pas vu sa formation – la CDU-CSU – l’emporter. C’est donc un social-démocrate qui lui succédera, mais cette transition se fait en douceur, de façon consensuelle, à « l’allemande », pourrait-on dire. Et il y a peu de chance que cela change fondamentalement la donne pour la position de l’Allemagne dans le monde. Une nation économiquement forte, pilier de l’Europe, alignée sur les Etats-Unis pour sa défense et peu engagée sur les théâtres conflictuels de la planète…
L’équipe de l’ASFE